In LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE INGRES. — MADAME 1.1I13LANG. Et c’est le mot même qu’il répéta ‘devant Jupiter el Thétis (I). Aussi bien, Degas aurait pu se prononcer ainsi sur toute œuvre d’Ingres, car pour lui toute page du maître montalbanais était un régal de l’Olympe. Quand s’ouvrira, dans les mêmes Galeries Georges Petit, l’exposition qui précédera la vente des collections Degas. on verra qu’il sut réunir, pour sa délectation personnelle, quelques uns des chefs-d’œuvre d’Ingres : le portrait de M. de Norvins, le portrait de M. Leblanc, le (1) Ingres écrivait en 1807, au sujet de ce tableau qu’il allait peindre Ir Il devrait sentir l’ambroisie d’une lieue. » portrait de M »‘ Le-blanc, le portrait du comte de Pastoret. Les portraits de M. et Mme Leblanc ne sont pas dans mon livre (I ) et il aura fallu la mort de Degas, hostile à toute publication. pour que je puisse les révéler ici même — avant leur disper-sion — aux admira-teurs d’Ingres. Je ne pouvais mieux inaugurer le premier numéro de La Renaissance de l’Art Français, on eu conviendra, que par ces émouvantes effi-gies par lesquelles Ingres va donner une nouvelle leçon de forte discipline à qui voudra l’en-tendre. Le portrait de M. de Norvins est de 1811. On peut les examiner un à un, les portraits de cette année-là; rien ne leur est supérieur dans l’Ecole française. Qu’on se rappelle M. Bochet, qui est au Louvre, Mme For-geot Panckoucke, qui est entré par héri-tage, chez M. Privat-Deschanel, M. Devil-lers, M. Cordier, sur un fond de paysage romain exécuté par Granet, et légué au Louvre… Quelle formidable série ! Et c’est encore l’année de Jupiter et Tbétis — « de l’am-broisie », disait Degas. La photographie ne peut pas rendre le beau modelé de ce visage de froide énergie, ni la couleur ambrée si particulière aux portraits de cette période, du moins ceux qui n’ont pas été récurés par d’inconcevables restaurations. M. de Norvins etait directeur de la police impériale à Rome. Il n’est pas besoin de souligner la vérité psychologique qui se dégage de cette effigie. L’auteur du Mémorial et de l’Histoire de Napoléon conserva jusqu’en sa vieillesse cette belle physionomie significative, si on en juge par une photographie qui le représente à l’âge de 84 ans, les yeux toujours interrogateurs, les lèvres serrées, comme dans le portrait qu’un jeune homme de trente ans (I) INGRES, SA VIE ET SON ŒUVRE (1780-1867). FIND ART DOC