LA FERRONNERIE MODERNE e e e EAN LAMOUR ! Comment ne pas songer à cet aimable artiste chaque fois que l’on désire citer, hors du moyen âge, un beau ferron-nier ? Jean Lamour fa-çonnait, à la moderne, vers 1755, l’architec-ture de la place de Nancy, admirable floraison jaillie de sa forge. Depuis qu’unani-mement on l’admire, combien l’orit positi-imaginé, en même certaine la confusion DUNAND. – I PE CASQUE A VISIÈRE CONTRE ÉCLATS. vement détroussé, qui temps, rester modernes, des mots lorsqu’il s’agit l’Art ! Jean Lamour n’eût ja-mais copié, ni même songé à copier les maîtres dont il tenait sa science du feu, du métal et de la forme. De la technique de son époque, peu différente de celle qui l’avait précédée, il suivait scrupuleusement les exigeances : il obéissait à l’adaptation du fer à un décor de pierre ou de bois, renouvelé d’âge en âge. L’Art moderne du milieu du xvtile siècle consista, comme chaque art moderne à son tour, à servir les habitudes. Jean Lamour s’y conforma bien volon-tiers. Il traça et découpa d’enthousiasme ses clôture; légères•, ses porte-lumières, ses enseignes, ses fermeture, et ses garde-corps. De son temps, le décor di• la rue se transformait. Le ;gros balcon de pierre ache-se sont tant est de vait de disparaître, faisant place au réseau délicat et ondulé de gracieuses arabesques de métal. La clôture des parcs devenait un simple accoudoir que de gigantesques grilles perçaient, butant aux socles surchargés de sphynx, de sphynges, de vases énormes ou de robustes atlantes. A l’intérieur des maisons, l’épais balustre de bois à la Française, hérité du xvIte siècle, exigeant beaucoup de place, on lui substituait la barrière, fragile en apparence seulement, du fer, et ce pour le plus grand agrément des yeux. Aujourd’hui, après un siècle et plus de tâtonnements, d’essais, d’erreurs, de pastiches, nous revenons à la tradition française de l’appropriation et du respect de ce qui nous est contemporain. Même en une brève étude, d’où toute intention d’enseignement est exclue, adressée à des dilettanti, à des gens de goût, à des LE FERRONNIER DUNAND DANS SON ATELIER, connaisseurs, on ne peut omettre de le rappeler : les qualités de l’artisan sont demeurées les mêmes chez nous, fort heureusement, puissantes, inventives, ar-tistes, tandis que la techni-que et les besoins se sont profondément modifiés. Il faut le rappeler, du moins si l’on croit ferme-ment que la technique (si effrayant que soit ce mot) et l’application aux objets (si naïf que cela paraisse) président aux destinées de l’Art décoratif. Or, celui-ci a failli périr en France au cours du siècle dernier, pour l’avoir presque oublié. Chez les dessinateurs con-temporains de Jean Lamour — celui-ci étant pris comme type d’un des derniers modernes fran-çais — même lorsque les Pineau, les Blondel ne fai-saient que dess’ FIND ART DOC