LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE l’entretiennent intégralement, et c’est un point curieux d’esthétique urbaine à envisager. Pouvons-nous, pour la satisfaction d’un sentiment d’art supérieur. mais à vrai dire égoïste, condamner une ville comme Bruges à renoncer à tout avenir, à faire table rase du confort moderne, des aménagements nouveaux d’éclairage et d’hygiène, des moyens de transport en commun rapides et multipliés ? Faut-il qu’elle se contente de rester Bruges-la-Morte, et pour ne rien modifier au décor du passé qu’elle s’interdise tout progrès ? Grave problème que la sagacité flamande, sous l’influence d’idées anglaises, a résolu en créant un style architectural néo-gothique, le style « brugeois », qui a servi à construire des rues entières où toutes les façades se terminent en pignons à gradins, où la ligne des fenêtres s’inscrit dans une arcature trilobée, où la brique taillée et moulurée règne sans partage. Les promoteurs du mouvement, qui remonte au manifeste de T.-H. King, en 1849, sont des maîtres de talent. Mais le mérite de Brang-wynn, de Rudd, de Velby-Pugin, de Béthune nous empêche difficilement de prendre ces pastiches pour un décor éphémère, une de ces rues de carton-pâte comme 73 les grandes expositions en présentent à l’admiration des badauds. Il y a certainement là un enseignement à tirer, au moment où nous allons avoir à reconstruire nos cités détruites. Le souci de garder aux milieux anciens leur attirance ne doit pas empêcher la création de quar-tiers modernes, à condition qu’ils se juxtaposent aux apports du passé sans les détruire: On peut se conten-ter d’imposer des servitudes rigoureuses de conser-vation architecturale autour de certains monuments. On peut même les étendre à des rues, à des places, à des quartiers entiers. Mais qu’on ne craigne pas d’ouvrir le reste de l’agglomération urbaine à une circulation intense, avec des voies largement percées et sillonnées par des tramways électriques. Que l’admiration légi-time du passé, surtout, ne conduise ni à la copie ni au pastiche. Des palaces à dix étages ou de grands magasins de style moderne se seraient pas plus choquants à l’entrée de Bruges que l’anachronisme de de sa gare pseudo-gothique. Et le touriste au moins y trouverait son compte. LOUIS REMONENCQ. -rfar,111511, •••••■•■■• Mme • MEMLING. — LA CHASSE DE SAINTE URSULE. (BRUGES, — IIÔPITAI. SAINT-JEAN.)