r I’ME MOREEL ET SES FILS. • MEMLING. — TRIPTYQUE DE SAINT ( I DRue.F.S. — MUSÉF. DFS 110.4’111 BARBE VLACDUBERGLS ET SES FILLES. L’ÂME DE BRUGES 4 il ,:di) J B,,,.(,Es délivrée ! Pourquoi ces mots, entre de plus clairon-nants bulletins de victoire, ont-ils fait bondir tant de coeurs, non seulement d’archéologues et de savants, d’historiens d’art et de maîtres de la palette, mais (i d’honnêtes gens s, qui, sans être artistes, sont encore capables d’admiration à une époque où chacun ne prétend qu’à se faire admirer ? C’est que Bruges, comme Assise, avec une pitié plus douloureuse peut-être, est un des grands réservoirs de spiritualité, où nous venons, croyants ou non, nous retremper à la source du mysticisme et de l’idéal. Les Memling sauvés ! On les avait cachés, vers le 14 août 1914, dans les caves de l’hôpital Saint-Jean, mais l’autorité allemande enjoignit de les rétablir à leur place. Dès mars 1915, si l’on en juge par le livre des visiteurs, les bourreaux de Louvain et de Lille purent insulter de leur lourdeur épaisse sainte Ursule et ses vierges, les madones et les donateurs agenouillés. Des princes s’y rendirent. Le kaiser y vint avec une suite brillante. Au printemps de 1918, le bombardement des alliés devenant plus fré• (litent, la kommandanture s’inquiéta. Un train était déjà prêt à emporter les tableaux quand la commission Memling intervint. Elle put prouver la solidité des caves destinées à abriter ces trésors et lés Allemands se laissèrent convaincre. Ils étaient si sûrs de garder Bruges ! Mais si une bombe, tombée dans la cour de l’hôpital huit jours avant leur retraite, eût éclaté quelques semaines plus tôt, Bruges eût été dépouillée de ses chefs-d’œuvre. Les tableaux du musée, également, furent exposés jusqu’au moment où la violence du bombardement obligea à prendre des mesures de précaution et à rem-placer les glaces dévissées par des matelas et des cou-vertures. Le 17 novembre 1918, quand le lieutenant Leonard-Chester Jones, de la Croix-Rouge américaine, qui a bien voulu recueillir pour nous ces détails, visita le musée, les tableaux n’étaient pas encore revenus à leur place. En somme, dans le centre de Bruges, le, III *its ;ont rares. Aucun monument n’a souffert. Les maison; atteintes par les bombes pourront être reconstruites. Les façades pittoresques sont encore debout. Les cloches du beffroi historique n’ont élevé leur voix qu’une fois en quatre ans, pour la paix avec la Russie. Quant au carillon, les sonneurs firent toujours valoir de bonnes raisons pour ne pas le mettre en branle et empêchèrent, par un jeu de cordes,’ les II herren professoren qui voulurent y toucher, d’en tirer aucun son. Enfin la relique du Saint-Sang est intacte. Pour dépister les Allemands, on avait fait courir le bruit qu’elle était passée en Angleterre. En réalité, pendant toute l’occu-pation, elle était restée enfouie sous un tas de décombres dans le jardin de l’hôpital. Deux habitants seulement connaissaient le secret de la cachette, et le sacristain de la chapelle du Saint-Sang mourut d’anxiété, il y FIND ART DOC