LA MÉDAILLE FRANÇAISE PENDANT LA GUERRE LES armées alliées ortt reconquis Lille, la grande ville. Aussi, ce voeu exprimé du haut de la tribune de la Convention Nationale, le 26 octo-bre 1792, par Louis David, à l’occasion de la libération de Lille et de Thionville, revient-il tout naturellement à la mémoire : ■■ Je vous propose de faire frapper une médaille en bronze, avec exergue différent pour Lille et pour Thion-ville, afin de distribuer ces médailles à chaque individu habitant ces villes… Je désire que ma proposition de frap-per les médailles ait lieu pour tous les événements glorieux ou heureux déjà arrivés ou qui arriveront à la République, et cela à l’imitation des Grecs et des Romains qui, par leurs suites métalliques, nous ont, non seulement donné la connaissance des événe-ments remarquables, celle des grands hommes, mais aussi celle des progrès de leur art. » La médaille est, en effet, l’une des expressions les plus heureuses de l’art ; elle en est aussi la manifestation la plus durable. Le temps; la rage des barbares ont raison d’une masse de granit, d’un bloc de marbre ; jetée au vent, la médaille, si petite, s’oublie, pour reparaître en d’autres temps, témoin éternel. Autre mission : i■ Depuis le xvte siècle, écrivait tout récemment M. G.-F. Hill, conservateur des monnaies et médailles au Musée britannique, il n’est guère d’époque où l’efficacité de la médaille comme instrument de propa-gande n’ait été reconnue, soit par un gouvernement, soit par un autre. » Les empires centraux, depuis 1914, n’ont pas négligé cet atout et il faut bien reconnaître qu’à côté de jetons d’une conception lourde et d’inten-tions odieuses, ils ont lancé par le monde des oeuvres d’un certain mérite. Peu originales, certes, trop empreintes de pisanisme, mais disant bien, parfois dans une conci-sion heureuse. ce qu’elles avaient l’intention d’exprimer. La France a, elle aussi, sa numismatique de guerre. HENRY NOCQ. L’ARMÉ WETTERT.E. Parmi les oeuvres sorties, il y en a eu de belles, d’élo-quentes, d’une indiscutable valeur technique. Mais elles n’ont pas été présentées avec cette cohésion, cette continuité qui caractérisent l’ensemble des productions ennemies. C’est que l’effort a été tout individuel, les services de propagande, les associations qualifiées n’ayant pas compris l’aide que pouvait apporter la médaille à la cause nationale, son utilité en ce qui concerne le bon renom artistique de la France. A leur défaut, un établissement d’Etat était tout désigné et tout outillé pour mener à bien une pareille mission. L’Hôtel des Monnaies et Médailles jouit, en effet, pour les éditions qu’il entreprend, d’une liberté d’action exceptionnelle dans notre administration centra-lisatrice et tracassière. Il y avait là motif à noble effort, que n’eût pas manqué d’accomplir tel directeur d’autre-fois, un de Foville, qui se fût au besoin adjoint pour la circonstance’ un spécialiste comme le regretté Roger Marx, auquel la médaille française doit tant. Or, son apport n’a pas produit ce qu’on en pouvait espérer. Très heureusement, la mise a été sauvée par l’initiative individuelle, la sensibilité d’artistes ou de personnalités touchant aux arts. Grâce aux uns et aux autres, la France peut présenter une numismatique de guerre appréciable où les qualités de ses techniciens en cet art difficile sont une fois encore affirmées. Le prix Bonaparte lui ayant été décerné, M. Maurice Barrès a eu la tou-chante pensée d’en consacrer le montant à la frappe et à la remise aux familles des écrivains morts pour la patrie d’une médaille à la gloire des Lettres : ■. Nous devons, écrivait-il à ce sujet, lutter contre l’idée de la mort qui détruit, et faire voir le rayonne-ment des morts glo-rieuses. Il faut que la corporation des écri-vains français multi-plie les témoignages de sa piété envers ceux des siens qui tombent les armes à la main, pour la dé-fense du sol et de l’esprit. Quelle amitié Me’, LANCELOT•CROCE. LE BLESSÉ. FIND ART DOC