46 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE BOISERIES DE LA CHAMBRE DE LA PRINCESSE. On a des inventaires après décès du mobilier du dernier prince de Soubise qui ait possédé l’hôtel, mort le 2 juillet 1787 (I). A cette daté, quoique les grands jours de l’édifice furent passés et le propriétaire ruiné, il s’y trouvait encore beaucoup de fort belles choses. De tout cela, rien ne subsiste en place maintenant. Tout a été pillé, dilapidé, dispersé dans des circonstances et à des dates diverses que l’on ne connaît pas toutes très bien. Après 1787, on ne sait quand, les boiseries mêmes, oeuvres charmantes, dessinées et exécutées par Louis Harpin, sculpteur du roi, sous la direction de Boffrand, furent arrachées dans plusieurs pièces. et ce (r) Publiés par J. Guiffrey, dans ses ouvrages cités. Voir aussi les planches LX II à LXVII du Livre d’archieeeture de Boffrand (Paris, z745,iii.fol. I qui n’en fut pas dé-truit, ou volé, fut en-tassé dans les vastes caves voûtées qui res-taient du temps des Guise. Au =ce siècle, de nouveaux crimes furent commis dans cet ordre d’idées ; car c’est seulement en 1858 et en 1870 qu’ont été dé-molies, pour faire place aux hideuses bâtisses actuelles, la plus grande partie de ce que les Soubise avaient res-pecté des constructions des Guise en bordure de la rue du Chaume (rue des Archives) et de la rue des Quatre-Fils. Ces constructions avaient été, au xvlie et au xvme siècles, redé-corées intérieurement à la mode de ces âges, d’une manière exquise; les architectes contem-porains de Napoléon III bouleversèrent tout sans égard ; et les boi-series, les magnifiques parquets incrustés de cuivre et d’étain, les balcons en fer forgé, les taques de chemi-née aux armes de Mile de Guise, brutalement transformés en un bric-à-brac d’épaves dépareillées, allèrent rejoindre, dans les caves, les dépouilles de l’hôtel des Soubise proprement dit. Ces actes de vandalisme, d’autant plus inconcevables qu’ils ont été commis, en grande* partie, par des hommes de l’art, sont attestés pour la postérité par la présence, dans les caves des Archives nationales, d’objets provenant des opérations successives dont il s’agit. Le jour vint enfin où l’on essaya de réparer tant bien que mal les suites de la négligence, de l’aveuglement et de la brutalité. On « restaura n, en les redorant (mais avec des ors d’une tonalité vulgaire), les boiseries des appartements « de la princesse » (chambre à coucher et salon ovale) qui avaient été heureusement conservées intactes. On remonta dans la « Salle des FIND ART, DOC