LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 39 fonds d’estampes de l’ancienne maison Goupil, poursuivit les travaux d’impres-sion et de reproduction de tableaux ainsi que la publication de ces beaux volumes d’art bien connus des bibliophiles et de ces revues luxueuses : Figaro illustré, le Théâtre, les Modes, les Arts. La mort de M. Jean Boussod étant sur-venue en 1912, MM. Manzi et Joyant, reprenant leur liberté vis-à-vis de la maison Goupil et Cle, demeurèrent seuls éditeurs et imprimeurs. La mort de M: Manzi, en 1914, obligea à de nouvelles transformations dans la Société. L’ancienne maison Boussod et Valadon fut pendant longtemps une des premières du monde ; elle possédait des succur-sales dans toutes les grandes capitales, Bruxelles, Berlin, New-York, etc. Elle a vu défiler dans ses galeries la plupart des oeuvres les plus célèbres de notre École française du xixe siècle et aussi de nombreux chefs-d’oeuvre de toutes les écoles. Peu à peu, l’activité des directeurs se ralentit ; elle ne suffisait plus à renouveler un stock qui s’é-puisait de jour en jour. La maison se contentait d’acheter de temps à autre un beau tableau et se préoccu-pait assez peu de trouver l’acheteur, préférant le conserver comme une sorte de placement. La mort de M. Étienne Boussod, l’an dernier, porta le dernier coup à l’affaire et dès ce moment la liquidation fut décidée. Elle se traduira bientôt par une vente (le Iee mars, salle G. Petit, Lair-Du-breuil, corn: pris.. Georges Petit, exp.). On pourra constater que le fonds Boussod et Valadon était encore riche en magnifiques tableaux. Il contient, en effet, trois toiles de Corot, aussi belles, sinon plus, que celle de la vente Curel : la Mare aux bouleaux, Ville d’Avray et surtout l’Arbre tombé au travers de la rivière; de Daubigny : Moulins de Hollande, Bannières et Bords de rivière ; de Troyon : le Trou-peau de moutons ; de Millet : Maisons à Barbizon (exposé aux Cent Chefs-d’oeuvre) ; de Ricard : Portrait de femme ; de Ziem : le Grand Canal Venise et le Bucentaure ; d’Albert Ber-nard, le Portrait de Madeleine Lemaire, pastel ; des toiles de Dupré, Harpignies, Isabey, Jacque, van Marcke des aqua-relles, dont plusieurs par Ziem. Parmi les anciens, un très intéressant mor-ceau par L. David, étude sur nature pour le Portrait de Mme Seriziat, peint en 1795 et actuellement au Louvre (0,64 x0,52) ; de Largillière. le portrait présumé du Comte de La Châtre, etc. VENTE FR. FLAMENG. — Elle aura lieu seulement au printemps et sera d’une importance considérable (Lair-Dubreuil, com.-pris.). La collection Flameng est celle d’un peintre sensible à toutes les manifestations de l’art ; il n’est donc pas surprenant qu’elle ait été formée avec le plus complet éclectisme. L’hôtel de la rue Ampère constituait un cadre exquis et le mieux fait pour mettre en valeur les meubles, sculptures, tapis-series, tableaux et dessins qui s’y trou-vaient réunis dans l’atmosphère la plus sympathique. Vouloir passer, dès main-tenant, une revue détaillée des numéros qui composent ce remarquable ensemble serait prématuré. Nous y reviendrons en temps utile. Bornons-nous, pour l’ins-tant, à mentionner les pièces principales de la collection. La statuaire religieuse française du xni au xvie siècle y tient une place éminente. On peut prévoir des enchères importantes pour ces rares et parfaits échantillons en pierre ou en bois polychrome de l’École bourguignonne, champenoise ou de l’lle-de-France. Ils se détachaient, chez M. François Flameng, sur des fonds de tapisseries des xve et xvie siècles et voisinaient avec des coffres de vieux cuir, des bahuts gothi-ques ou de la Renaissance. La sculpture française du xvine siècle est abondam-GREUZE. L’INNOCENCE ». (COLLECTION WALLACE.) ment représentée ; on . rencontre des bustes de Houdon (portrait présumé de la Duchesse de Luynes, Portrait de Ca-banis); de Pajou : esquisse d’une figurine de Mme du Barry en Hébé, etc. Les ta-bleaux et dessins forment le groupement le plus nombreux. École italienne : un grand panneau de l’école ombrienne,’ des dessins de Pisanello, Raphaél; des tableaux de Guardi, une merveilleuse esquisse de Tiepolo et deux grandes com-positions de ce maitre. École espagnole : le Portrait du Duc d’Olivarès, par Ve-lasquez et une nature morte qui peut, avec vraisemblance, être attribuée au même artiste. Écoles flamande et hol-landaise, un Joueur de guitare qui fait penser à van Dyck — à moins qu’il soit de quelque Vénitien — un portrait d’homme-de Rembrandt et de nombreux et admirables dessins du maitre. École allemande : des dessins et peintures dé Lucas Cranach et d’Holbein. École an-glaise : des toiles de Reynolds, Hoppner et surtout de Lawrence (l’Enfant au chien, Portrait d’acteur, Portraits de Robertson et de Mrs ). Enfin, École française : portraits par Clouet, Corneille de Lyon, tableaux et dessins de Chardin, Perronneau, Boze ; sépias, aquarelles et sanguines de Fragonard, Hubert Robert, Watteau, Lancret. On connaît la prédilection de M. Flameng pour Ingres aussi ne s’étonnera-t-on pas de retrouver chez lui une réunion nombreuse et célèbre de portraits des-sinés, choisis avec autant de piété que de discernement (portraits de Mme Borel, de Mue Lacroix, de M. Jal, d’Alexandre Boyer, d’homme àgé, etc.). VENTE HENRI MICHEL-LÉVY. — Nous croyons savoir que la collection du peintre Henri Michel-Lévy, décédé au début de la guerre, sera aussi mise en vente au printemps. C’est, après la collection Groult, la plus riche de toutes en oeuvres de Watteau. M. Michel-Lévy s’était fait comme une spécialité du maître de l’•mbar-quement pour Cythère; il l’aimait passionnément, le connaissait mieux que personne et avait eu la bonne fortune, aux temps heureux — si lointains hélas ! — où des ressources modestes suffisaient à satisfaire pa-reilles convoitises, d’acquérir plus de quarante dessins et douze peintures du génial artiste. On reste rêveur en songeant au prix que fera cet en-semble unique de tableaux et croquis merveilleux. Chardin. Fragonard, Per-ronneau, Saint-Aubin et bien d’autres maîtres du xvii te siècle sont aussi représentés dans cette collection, formée par le connaisseur le plus averti. Deux oeuvres, l’éblouissant Portrait de jeune fille de Fragonard et le célèbre tableau de Watteau, les Deux Cousines, n’apparaitront pas dans cette vente, ayant été récem-ment cédés à l’amiable. VENTE DENYS Coeurs. — Une autre grande vente est en perspective pour le printemps (Lair-Dubreuil, com.-.pris.). La collection de M. Denys Cochin ne comporte qu’une vingtaine de toiles, mais d’une qualité exceptionnelle. On y trouve, entre autres, de Corot : le Forum, la Vue de Castelgandollo et la Vue de Saint-LB de Delacroix : la Des-cente de Croix, Cléopâtre et le paysan et les Chevaux se baignant (de l’ancienne collection Marne) ; de Manet : les Bu-veuses de bocks, la belle esquisse des Courses de taureaux et l’admirable Arri-vée de Courses d Longchamp ; de Goya : un superbe Portrait d’homme ; de Cour-bet : l’Enfant de choeur ; rie Louis David : Eucharis et Télémaque (1818). VENTE- J•UN1ETTE. — M. Jeuniette, décédé il y a quelques mois, avait cons-titué une réunion de bibelots de haut goût. Les héritiers ont tenu à réaliser un voeu souvent exprimé par ce collection-neur que le Louvre choisisse entre ses objets d’art une vingtaine de pièces les plus importantes de l’ensemble. Le choix de M. Gaston Migeon, conservateur du Louvre et ami personnel du défunt, se portera sans doute sur une admirable FIND ART, DOC