LE CARNET D’UN CURIEUX Portrait de Zola par Manet. Non, reproduisons ici fc l’orfraie de Zola, par Manet, qui accompagne le magnifique don fait par Mme Zola au Louvre de deux autres oeuvres du mème maitre : le portrait de la donatrice, au pastel, et une admirable aquarelle. Au moment nit le célèbre tableau fut exécuté, Manet était en butte aux cri-tiques les plus violentes. Il avait vu deux de ses oeuvres refusées au Salon de 1866 (dont le Fifre qui a devancé le Zola au Louvre, puisqu’il fait partie du legs Camondo). Cézanne et Zola, deitx jeunes qui parvenaient à peine eux-mêmes à se faire conn aitre, avaient découvert en Manet un peintre de race. M. Théodore Duret raconté, dans son ou-vrage sur Manet, com• ment ils se déclarèrent résolument les cham-pions de l’artiste mal-traité par la critique. Zola devint le défen-seur attitré du nova-teur. Il avait fait, au Figaro, le compte ren-du du Salon de 1866 et avait déclaré chefs-crceuvre les deux tableaux refusés. L’ar-ticle, inséré dans un journal aussi impor-tant, qui comptait parMi ses abonnés une clientèle nombreuse d’amateurs d’art, pro-duisit scandale et ce fut un soulèvement général quand on vit le littérateur faire l’éloge du peintre ré-prouvé (1). Zola dut interrom-pre ses chroniques et abandonner le Pietro. Enfin au Salon de 1868, les deux envois de Manet, dont le Portrait de Zola, furent admis. Le jury se dé-clara vaincu et dut reconnaître, un peu à contre-coeur, les qua-(1) Voir à ce sujet la bro-chure de Zola :Mon Salon, 1866, sou étude biogra-phique et critique sur Nlanct, 1867, et la critique du Salon de 1868. lités maîtresses de l’oeuvre. On demeu-rait persuadé que Manet persistait à faire un usage détestable de son réel talent ; on avouait, néanmoins, qu’il paraissait vouloir s’amender et on lui savait gré des concessions faites par lui à l’art officiel. On loua même la vigueur de l’exécution, la beauté de la matière, l’expression vivante et ferme du modèle où se révélait toute la force de caractère du romancier. On était toutefois bien loin de donner au tableau l’épithète de chef-d’œuvre, la seule qui lui convînt et que nous pouvons, à coup sûr, aujourd’hui lui décerner. i. Les grandes ventes de la saison 1919. La saison qui vient s’annonce plus brillante que toutes celles d’avant guerre. Dans un horizon plus ou moins lointain apparaissent déjà des solennités reten-tissantes : ventes Boussod et Valadon, François Flameng, Manzi, Denys Cochin, Jeuniette, Georges Hcentschel. Nous don-nerons seulement aujourd’hui un aperçu de ce que contiennent ces grandes col-lections. VENTE BOUSSOD FT VALADON. — Les .1ffirhes Parisiennes nous ont appris, à la fin du mois dernier, la dissolution, par commun accord entre les associés, de la So-ciété en nom collectif Boussod, Valadon et Cie. Il est impos-sible, au moment où disparaît la célèbre firme, de ne pas rap-peler lé rôle qu’elle a joué au cours du siècle dernier sur le marché mondial de la curio-sité. M. Goupil père, fondateur de la mai-son aux environs de 1830, mourut vers 1871 ; il avait alors comme associé M. Boussod père. Ce der-nier prit comme colla-borateurs ses deux fils, M. Étienne Bous-sod, qui s’occupa plus spécialement du com-merce des tableaux, et M. Jean Boussod, tri dirigea la librai-rie, puis MM. Valadon et Léon Avril qui se chargèrent de l’im-pression des volumes et des publications d’art, En 1897, la maison se scinda en deux et l’on vit fonc-tionner distinctement la Société Étienne Boussod, Valadon et L. Avril, qui conti-nua la vente des ta-bleaux et la maison Goupil et Cle avec MM. Jean 13 o u s so d , Manzi et Joyant comme associés: cette dernière, h I:DOUARD NIANET. — PORTRAIT D’ÉMILE ZOLA. (DONNIÉ AU LOUVRE PAR MME COLS.) FIND ART DOC