RANSON. — PROJET DE PLAFOND. — AQUARELLE. (SIOSÉE DES ARTS DÉCORATIFS.) UN GRAND ORNEMANISTE DU XVIII’ SIÈCLE PIERRE RANSON ES dessinateurs d’ornements, — les ornemanistes Lainsi qu’on les désigne par un affreux barba-risme tandis qu’on devrait écrire ornementistcs (1). — connaissent, on peut l’affirmer, une gloire que leurs contemporains ne songèrent guère à leur accorder. Ces charmants et féconds artistes, qui consacrèrent leur talent aux arts mécaniques et distribuèrent, sans compter, des modèles applicables à tous les métiers, poursui-virent un labeur parfaitement ignoré des amateurs et non moins dédaigné par les représentants de la grande peinture. C’est la confrérie de Saint-Luc, cette petite académie d’à côté, qui les recueille dans ses expositions avec la kyrielle des gagne-petit de l’art : miniaturistes, émailleurs, peintres éludoriques, sculpteurs en nacre, peintres en boutoris, en meubles, à la manière chinoise, dessinateurs pour étoffes, peintres en cheveux et même en oeufs d’autruche. Ils ne connaissent ni la fortune, ni les honneurs. La gloire posthume elle-même, ce soleil des morts, est lente à leur venir. Vers 183o, quand le torrent d’antiquité classique qui submerge la France depuis un demi-siècle ne coule plus qu’en filet presque tari, on cherche à reprendre la tradi-tion française si fâcheusement interrompue par l’école de David. Aux modèles en forme, nul ne pense. On n’a’pas encore l’idée de fouiller les greniers et d’en retirer les (z) Aimé Chcnavard semble bien avoir créé le terme pour son Album d, POrnernanisie, 1536, épaves des siècles. Du Sommerard prépare dans l’hôtel de Cluny un romantique asile pour les trésors du moyen âge. Mais qui songe alors aux commodes Louis XV ven-trues, aux bonheurs du jour Louis XVI en bois de rose. aux bergères, aux fauteuils à la reine, aux paphos ou aux ottomanes recouverts en tapisserie de Beauvais ou d’Aubusson ? Ils garnissent les mansardes et les chambres meublées du dernier ordre. A leur défaut, on en est réduit à puiser dans les cartons de ces grands inconnus, « ces gens d’esprit et de génie de l’école fran-çaise e, comme les appelle Balzac, — le premier, proba-blement, qui ait songé à dénoncer le danger des copies de style, « prétendues inventions de nos artistes, incessamment courbés sur les trésors du Cabinet des estampes pour faire du nouveau en faisant d’adroits pastiches (1846). On les pille, mais on les dédaigne. Pour quelques sous, on achète sur les quais les plus charmantes ara-besques de Watteau, les trophées de Delafosse, les fleurs idéales de Pillement, cent autres pièces qu’il faut au moins le plus petit de nos billets de banque pour acquérir aujourd’hui. D’avisés collectionneurs, archi-tectes comme Destailleurs ou Lesoufaché, dessinateurs industriels comme Poterlet, bibliophiles amateurs comme E. Foule, amassent à bon compte des trésors. Il faut arriver presque au xxe siècle pour que les gros prix des objets anciens à l’hôtel FIND ART DOC