LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE FLACONS DE R. LALIQUE. – MODÈLES DE LA PARFUMERIE ARYS. ne nous choque pas. Un goût si sûr, une logique si par-faite, une sobriété si louable tempère les plus inquié-tantes imaginations qu’on arrive à les trouver naturelles. Même la fantaisie de certains bouchons en croissant renversé, mettant comme un grand diadème à la tète du flacon, trouve grâce à nos yeux, bien que notre raison les repousse comme un ornement ne concourant nulle-ment à la destination de l’objet. Tout au plus pourrions-nous reprocher à certains modèles de manquer de sta-bilité. Mais quel est le fabricant qui se plaindra d’un défaut capable d’obliger l’acheteur à renouveler plus souvent sa consommation d’essences rares ? Lalique modèle lui-même ses pièces. Il en tire le moulage en plâtre destiné à l’exécution du moule métallique où ses ouvriers de Combs-la-Ville couleront le cristal. Car le gr‘and verrier a son usine, dont il surveille la marche avec un soin jaloux. On lui commande ses créations par dizaine de mille à la fois, et c’est rester au-dessous de la vérité que d’estimer à un million le nombre de flacons revêtus de sa firme depuis dix ans. Est-il besoin d’un autre indice pour attester le succès du flaconnage d’art auprès de la clientèle de choix ? Si nous voulions cependant en chercher une preuve 31 non moins concluante, nous n’aurions qu’à constater combien la tendance à la présentation luxueuse a gagné de proche en proche toute la haute parfumerie. Quatre ou cinq marques se partagent la signature de Lalique. Mais combien d’autres, — tel Rigaud — sans avoir recours au maître, montrent des recherches de flaconnage originales et luxueuses ? Ici, c’est une heureuse application de plaques de verre rapportées, figu-rant des camées mauves ou verts à sujets antiques, là c’est l’emploi pour le même usage d’appliques d’argent à décor repoussé. Tel autre fabricant s’attache aux rehauts d’émail peint. Tous s’ef-forcent de trouver l’étui ou la boîte adéquate au flacon pour présenter à la vente un ensemble irréprochable. Il y a là, n’est-il pas vrai ? une indication utile à retenir pour nos verriers modernes, un débouché intéressant ouvert à leur activité. On s’étonne que des maîtres comme Goupy, Daum, Feuillâtre, Dammouse, Sala, bien d’autres, ne songent pas à mettre leur talent au service de ce joli caprice parisien. Leur fantaisie pour-rait s’y développer à l’aise, dans les formes les plus inattendues, dans les matières les plus rares et les plus somptueuses. La transparence du cristal convient, avant tout, nous en convenons, à la limpidité des arômes modernes. Mais on conçoit aussi des flacons en verre opa-que, irrisé, nuancé de couleurs claires ou de couleurs fon-cées, voire même en porcelaine de verre peinte ou rehaussée d’or. Le champ est infini. On imagine diffici-lement qu’un ar-tiste, quise plaît à piquer dans ses vases quelques fleurs naturelles, puisse rêver pour ses oeuvres un plus précieux emploi que celui de lécythe à odeurs suaves. Ne l’oublions pas, d’ail-leurs, la parfumerie de luxe française tient une place de FLACON DE R. LALIQUE. MODÈLE DE LA PARFUMERIE D’ORSAY. FIND ART DOC