PATER – LES BAIGNEUSES. Plusieurs conclusions seraient à tirer de cet inventaire. La première que toutes ces oeuvres d’art, sauf trois ou quatre, datent de Frédéric II ; ses successeurs n ‘achetaient que des canons. La seconde, que ces oeuvres sont pour la plupart , les plus belles en tous cas, réservées aux résidences impériales, et donc perdues pour l’éducation générale. Quelques privilégiés, dont je fus, pouvaient les voir une fois dans leur vie, et c’était tout. Y a-t-il, enfin, dans les résidences impériales, à Urville, à Willhelmshoehe, etc., des oeuvres françaises modernes ? De i9oo environ à 1914, l’Allemagne a beaucoup acheté de nos impression-nistes, et je me souviens encore de ce que me disait, à ce propos, à Berlin, en 1912, M: Jules Cambon, ému de l’afflux en Allemagne des oeuvres de nos plus grands maîtres contemporains. Les marchands et les artistes français pourraient nous renseigner à ce sujet. Il faudrait le savoir exactement pour les reprises que nous réclamons. Les oeuvres du xvtite siècle fran-çais, et que je viens d’énumérer, justifient,. en tous cas, à tous les points de vue, notre thèse. Elles comptent parmi les plus marquantes de nos grands maîtres. Exilées et cachées en Bochie, elles doivent revenir au trésor national dont elles font partie. Guillaume passera devant un tribunal qui prononcera une peine criminelle. mais une peine civile aussi : et ce sera de rembourser sur son patrimoine artistique le saccage du patrimoine de la France. ANDRÉ MAUREL. Inspecteur gép;ral des Beaux-Arts et des Musées. FIND ART D:OC LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE petit Louis XIV enfant, que j’ai vu susper.du au dessus d’un lit d’enfant au, Nouveau-Palais, oeuvre de la plus grande délicatesse — et document français. * La sculpture, pour n’of-frir rien de comparable, au moins par l’abondance, à la peinture, ne figure pas moins dans les collections particulières de Guil-laume II par des oeuvres françaises remârquables. De J.-Ph. Bouchardon : Charles XII, buste plein de noblesse et d’ampleur ; de Chaudet : Napoléon drapé à l’antique et tenant le Code civil. (Ce marbre est une réplique de l’oeuvre qui surmonta longtemps la colonne Vendôme où on lui substitua, en 1833, le Napoléon de Seurre)’; en 1872, une copie de la statue de Chaudet remplaça l’oeuvre de Seurre : elle y est encore aujourd’hui. Il serait intéressant de mettre un Chaudet original à la place de la copie. De Coustou : une Vénus et un Mars, tous deux à Sans-Souci ; de Girardon : un Richelieu que certains attribuent plutôt à Bernin ; de Houdon : Prince Henri, frère de Frédéric II, signé : Houdon 1789, fondu par Thomire ; Duc de Nivernais, Inconnu, Diderot, tous trois mar-qués du sceau de Houdon, Rousseau et Voltaire, signés et datés de 1778 ; de Lemoyne : un Apollon ; de Pigalle : deux grandes figures de marbre : l’une, Mercure, a son. modèle au Louvre ; l’autre, Vénus, fut donnée à Frédéric II par Louis XV, toutes deux signées et datées de 1748. Vassi, enfin, termine la série par une Diane qui fut commandée par Frédéric, à laquelle il convient d’ajouter cependant un bien joli marbre non signé, dans la manière de Falconet, très français en tous cas. Il me reste bien peu de place pour les arts dits mineurs. Je ne ferai donc que citer trois vases rose pompadour, vingt statuettes d’illustres Français en biscuit de Sèvres, des tapisseries dont les quatre Psyché d’après Boucher ; les Amours des dieux de Beauvais; quatre Beauvais par Boucher ; encore six pannaux de la série de Don Quichotte, Gobelins ; un Henri IV des Gobelins ; six Savonnerie : les Fables de La Fontaine, et puis des pendules, cartonniers, vases, brûle-parfums, etc. 27