LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 2I Les ballets russes ont eu à ce sujet une influence bienfaisante et qu’il ne faut pas nier. Ils nous ont rendu la liberté. Se souvient-on de cette adorable toile de fond de l’Oiseau de /eu, toile de fond sans signification précise et qui ressemblait à un agran-dissement au microscope d’une feuille d’automne. à un schall de cachemire ou à une aile de papillon ? Çue n’avons-nous pas vu à travers cette flottante image ? Mais il y avait dans la profusion de cet art russe du bon et du mauvais, de l’excès, une vio-lence parfois blessante. C’est à nous de nous ins-pirer de ses principes, sans les imiter et en les corrigeant par ce choix et cet ordre qui sont nos prérogatives séculaires. Tous les espoirs sont permis. Dans l’époque qui va naitre, la France, sans rien perdre de son goût, de son esprit et de sa sûreté de style, va con-naître, avec la Victoire, une sorte de romantisme nouveau, en tout cas, une liberté de créer, une audace dans l’invention, une jeunesse enfin qu’elle avait évidemment perdues dans les dernières années du Rixe siècle. EDMOND JALOUX UN NÈGRE MAGNIFIQUE. Personne, mieux que M. George Barbier, ne pouvait nous rendre un peu de l’âme vénitienne, car la ville où habite son imagination est une manière de Venise, mais avec des minarets indous et des palais Louis XIV, une Venise par les fenêtres de laquelle on verrait tantôt un bois arcadien, et tantôt un théâtre de marionnettes ou une cour de jardin persan. Cette décoration de M. George Barbier et sa réussite sont évidemment un exemple pour nos directeurs de théâtre. Trop longtemps, costumes et décors furent confiés à des industriels, hono-rables, certes, mais dont la fabrication monotone et en quelque sorte anonyme apportait à nos yeux peu de plaisir. Ce fut une grande erreur de l’école réaliste que de vouloir faire des décors qui donnassent l’illusion de la réalité. Çue nous im-porte qu’un arbre en carton soit absolument pareil à un arbre véritable ? Le plus simple en ce cas serait, je pense, de porter sur la scène un simple tronc, avec ses noeuds et son écorce. Ce qui nous plaira, par contre, c’est une belle forme heureuse où nous retrouvions, dans une transposition habile, ce qui nous séduit dans le dessin d’un pin ou d’un chêne. ELVIRE (JASE RENOUARDT). ACTE T.