I I 511 ,r I !:■,1,’1, . I I UN PORTRAIT INCONNU DE INGRES LADY CAVENDISH BENTINCK CE portrait, dessiné par Ingres, à Rome, en 1815, a été rapporté d’Angleterre par M. Édouard Jonas, lequel peut se flatter d’avoir fait là une belle trouvaille; on peut en juger par la reproduction que nous en donnons ici, grâce à la parfaite obligeance de l’heureux acquéreur. Si ce dessin à la mine de plomb nous était absolument inconnu, du moins lady Cavendish Bentinck, qui posa devant Ingres, nous est assez familière : un dessin de Ingres, daté de 1816, celui-là, la représente assise, à côté de son mari qui, debout, s’accoude à un meuble. Le joli exotisme de ce portrait de famille nous avait beaucoup séduit : il y a quinze ans, M. Léon Bonnat, dont il enrichit la merveilleuse collection iniriste, nous avait autorisé à le reproduire (r) Nous-même, nous avons acquis, en Angleterre également, un portrait des-siné par Ingres de lady Cavendish Bentinck, d’une extrême délicatesse. Mais rien ne vaut la page magni-fique dont les lecteurs de La Renaissance de l’Art Fran-çais et des Industries de Luxe ont aujourd’hui la primeur. Ce, délicieux portrait offre une grâce presque indes-criptible. La jeune femme qu’il représente est une de (z) Voir Les Portraits dessinés .4. D. Ingres, avec zoo reproductions an charbon, indolio, 19n3, p 4.18 Voir aussi note Ingres, sa Vie el soir Œuvre, 1911, p. 5$. ces calmes beautés anglaises, dont le parfait visage semble inexpressif au premier abord — et cela Ingres l’a bien marqué dans les trois effigies de son adorable modèle. Mais il captive peu à peu par l’ingénuité, la candeur de l’expression, la douceur languide du sourire, une dignité chaste, presque timide, une attendrissante fraîcheur d’âme et de chair. Ces qualités exquises s’attestent, non seulement par le visage, mais par tout ce jeune corps, debout, dans une attitude simple, et cependant contenue, prête au reploiement effarouché. Le regard vraiment angélique, enferme un peu de mélancolie sous les longues paupières. La bouche, légè-rement entr’ouverte est une merveille de petitesse. Les cheveux bouclés couvrent presque entièiement le front élevé, et retombent autour des joues, d’un ovale admi-rable. Le cou montre sa ligne svelte entre les gaufrures d’une haute collerette que ferme un bijou. La robe, qu’on devine blanche, tombe toute droite, terminée en bas par trois petits volants, et retenue sous la gorge par un ruban noué en ceinture. Au ras de la jupe appa-raissent les petits pieds, dans les souliers découverts et plats qui furent à la mode dès la Restauration. Un manteau enveloppe presque entièrement cette gracieuse silhouette féminine ll est en taffeta FIND ART, DOC