LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 5 que l’obscurité du retable d’Ambierle, son proche parent, on pourrait même dire son frère de lait, car peu de gens sont assez intrépides pour aller déni-cher une petite commune de la Loire, ,loignée du chemin de fer, fût-ce même pour y savourer les beautés d’une église abbatiale des plus remarquables et d’un ensemble qui réunit ce qu’on peut rêver de plus énergique et de plus vivant en vieille sculpture française allié, en une harmonie parfaite, à ce qu’il y a du plus noble et de plus suave en peinture. Tel est le sort d’Ambierle. La petite commune assise sur les premiers contre-forts des Monts de la Madeleine se trouverait en quelque montagne de l’Ombrie, et on braverait beaucoup de fatigues pour la trouver. Mais elle est en France , seulement, et elle est en elle-même charmante, conservée quasi moyenâgeuse, et cela suffit. Elle a pourtant possédé une abbaye bénédictine, déjà célèbre et richement dotée à la fin du ixe siècle, réédifiée, quant à son église, au xve. Mais tout cela, depuis le xvIe siècle, était retombé peu à peu dans l’oubli. Au xixe siècle, des érudits faisaient bien leurs efforts pour attirer de nouveau l’attention sur son principal trésor. M. Canat de Chizy, archéologue du Forez, le signalait au public en 1845 ; M. Denuelle, membre de la Commission des monuments histo-riques, mettait l’Etat en garde, en 1878, contre les dangers de détérioration d’une oeuvre aussi précieuse. Enfin, dans un numéro de la Gazelle archéolo-gique de 1886, M. Jeannez lui consacrait une savante notice, à laquelle nous emprunterons bon nombre de rensei-gnements. Puissions-nous, cette fois, avoir réussi à consacrer aux yeux du grand public une oeuvre d’art dont les plus grands musées seraient fiers, et qui est au moins, pour la petite commune d’Ambierle, ce que le tableau du Maitre de Moulins est pour la cathédrale du chef-lieu de l’Allier. L’histoire du retable en lui-même ne soulève point de problèmes. On le suit à la trace ; on sait le nom de ses donateurs , et les circonstances dans lesquelles ils effectuèrent leur don quasi-141juiç )11t-Mn: t LAURETTE DE JAUCOUI r (FEMME DE NIICDEI. DE CHAVGY.)