, 014 • ,EE’‘ •M. JEHAN DE CHAUGV. (PÈRE DU DONATEUR DU RETAIU.E.) LES CHEFS-D’ŒU) LE RETAB IL existe en Europe un pays inconnu. Sa superficie est considérable, ses richesses infiniment variées, ses beau-tés naturelles aussi diverses, aussi impré-vues, tout à tour délicieuses et gran-dioses, que celles des contrées les plus célèbres pour leur pittoresque. Tout cela est insuffisamment exploité, le plus sou-vent mal compris, ou même parfois complètement ignoré. Les habitants de ce pays ont eu, de tout temps, des qualités d’invention, d’esprit, et on doit le dire, de génie, qui ont donné naissance à maintes oeuvres d’art réparties sur tout son territoire, et dont ils ne semblent faire aucun cas. Ces habitants ont une singulière manie : ils ne se contentent pas d’ignorer ce qu’ils doivent de splendide et d’émou-vant à leurs ancêtres qui ont bâti les villes et les ont ornées ; ils faut aussi qu’ils soient convaincus qu’il n’est de belles choses, de très belles choses, que dans les pays environnants. Aussi, négli-gent-ils les trésors qu’ils possèdent pour exalter ceux de leurs voisins, voire de leurs’ ennemis, alors qu’en réalité ils sont supérieurs, et tout au moins égaux aux meilleurs. Ils ont laissé détruire des merveilles par le temps, que le temps aurait rendues encore mille fois plus belles. Parfois, des explorateurs auda-cieux sont venus en dérober comme ils voulaient, pour en tirer du prestige ou du profit. Souvent aussi, des étrangers sont rentrés dans leur pays après avoir étudié ces beautés dédaignées et, imi-tateurs habiles, se sont fait de la gloire avec les idées et les formes qu’ils avaient empruntées à ce nouvel Eldorado. Cependant, tout a une fin, même l’absurde, et on reconnaît à certains signes que la France (je m’aperçois que je ne l’avais pas nommée) va être enfin découverte par le monde entier, et peut-être ira jusqu’à se découvrir elle-même. Elle se décidera à classer et à pr