L’ARCHITECTE ‘ 67 les gouttières et les réservoirs. Elles renferment souvent beaucoup de matières végétales en décom-position, mais par contre peu ou pas de substances minérales en dissolution. Les eaux de rivières sont un peu plus chargées en sels minéraux; mais elles sont ordinairement im-propres à la consommation sans une épuration préa-lable, épuration qui doit précéder la stérilisation. Les matières organiques et les germes pathogènes abondent dans les eaux d’étangs, parce que ces eaux proviennent la plupart du temps du drainage des terres du voisinage et sont ainsi contaminées par les engrais et les débris végétaux de toute nature. On serait tenté de croire que les eaux de forage et les eaux de source sont absolument stériles et qu’une eau qui n’a point vu le jour est nécessaire-ment indemne de tout germe nuisible. Il n’en est rien, et on peut s’en rendre compte en examinant sommairement la formation des nappes aquifères qua ces sources ou alimentent ces puits. Les eaux de pluie qui ruissellent à la surface du sol se rassemblent dans les fossés et les ruisseaux après avoir léché les fumiers ou les détritus dans les champs. Ces eaux s’infiltrent entre les ruelles ou disparaissent dans les gouffres pour venir souiller les nappes souterraines. Celles-ci sont encore conta-minées par les pertes des fosses d’aisances, les aires à fumiers et les fosses à purins, et par les cadavres de bestiaux précipités par les paysans dans les cre-vasses du sol et dans les avens ou orifices de cave, nes souterraines. En traversant les couches perméables avant d’ap-paraitre au jour, ces eaux se débarrassent de toutes les matières solides qu’elles charriaient avec elles; mais la plupart du temps cette filtration est insuf-fisante, et personne ne saurait affirmer qu’une eau qui jaillit brillante et claire de la fente d’un rocher, doit être nécessairement une eau pure et saine (I). Quelles que soient les précautions prises pour capter les eaux, il subsiste toujours une certaine incertitude au sujet de leur origine et le moyen le plus sùr, pour sau-vegarder la santé publique, consisteà stériliser les eaux livrées à la consommation. Cette obligation est bien plus grande encore lors-qu’on utilise les eaux de rivières au lieu des eaux de sources. Les eaux de rivières sont extrêmement dangereuses surtout lorsqu’elles sont captées dans le voisinage des grandes villes, loin de leur source. En voici du reste un exemple Il résulte d’expériences faites à l’usine de stérilisa-non de Saint-Maur que l’eau de Marne renferme : mil On trouvera dans une brochure publiée par le Touring-Club de France, et dont nous avons rendu compte dans la livralson précéder ensemble des très inté-ressantes sur le mécanisme de la contamlnation des s.trces et des puits ainsi que sur les moyens propres à y remédier. Eau filtrée sur sable. . m 5o bactéries par cm o Eau de Marne filtrée ad-ditionnée de 15 go d’eau de Marne brute ti.ocm — Eau de Marne brute . 65.000 — —Un litre d’eau de Marne brute renferme donc 65 millions de bactéries de toute notoire. DIffialmfo-ro PROCÊPÊS D’ÉPURATION ers EAUX On peut épurer les eaux de différentes manières, soit en retenant les germes sur des filtres, soit en les précipitant, soit en les détruisant au moyen de la chaleur ou de substances chimiques mises en contact avec l’eau, soit, enfin, en les tuant par l’action de rayons lumineux. Dans les filtres, l’absorption des impuretés et des germes se fait en forçant le liquide à passer à travers une pierre poreuse ou à travers la porcelaine. La porcelaine employée est ordinairement à base de cellulose; c’est un mélange, variable suivant les pressions, de cellulose de lin fine et raffinée, triturée mécaniquement avec de le terre d’infusoires lavée et désodorisée. La pâte obtenue en bouillie laisse déposer au fond des moules, par précipitation naturelle, des galettes humides qui sont séchées à basse tempéra-ture et lentement. Ces plaques sont ensuite stérilisées par la chaleur. On obtient ainsi une porcelaine sans crevasses ni solutions de continuité. Quelques cons- ‘ tracteurs retnplacent la cellulose par l’amiante. Les modèles de filtres domestiques sont excessive-ment nombre., le plus connu est le filtre Cham-berland qu’il est superflu de décrire ici. Tous ces appareils ont le grave inconvénient de s’ecrasser facilement. Les matières retenues forment ln laoa surface filtrante une couche gélatineuse où les germes se développent à foison, et si par malheur unecrevasse vient à se produire dans le porcelaine, le remède devient alors cent fois pire que le mal. On ne saurait donc trop insister sur la nécessité absolue de visiter souvent les filtres, et surtout de les nettoyer régulièrement. Ces soins sont courants dans la population aisée, MIS la population pauvre ne s’y astreint pas et c’est elle surtout qui e besoin d’une eau pure et saine. On a bien cherché par des artifices de construction à laver cette surface filtrante sans qu’il soit nécessaire de démonter l’appareil c’est ainsi qu’on a imaginé des robinets filtres qui fournissent à volonté soit de l’eau pure en petite quantité, soit de l’eau ordinaire en abondance, le passage de cette dernière ayant pour effet de nettoyer le porcelaine filtrante. Si ingénieux que soient ces appareils, ils laissent toujours une trop grande incertitude sur la valeur de la filtration obtenue; fi faut donc éviter de les employer. Nous ne citons que pour mémoire les petits appareils domestiques où la filtration s’opère su un bloc de charbon déposé au fond d’un entonnoir.r. Assurément