58 L’ARCHITECTE assez dessinateur ». On peut ajouter que chez ce dernier l’artiste doit être doublé de l’observateur. Or, la pratique bien comprise du croquis tend à développer ces deux qualités particulièrement pré-cieuses entre toutes celles qui, en même temps qu’un si grand nombre de connaissances variées, sont indispensables à l’architecte. Plus on dessine, plus on devient habile: c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Mais il faut se nu. Os. — L’Anc DE CONSTANTIN, n Roma. Dessin de M. .,MI■drice Boille. méfier de la trop grande facilité, qui conduit à l’à-peu-près et au chic funeste, et savoir joindre la sin-cérité â l’habileté. Il n’est pas possible en effet de faire sérieusement un croquis, sans s’être appliqué par un examen attentif à bien posséder le sujet que l’on aus les yeux, sans en avoir par conséquent analysé les éléments, saisi la composition, observé les proportions. Le croquis fait avec intelligence doit apprendre à se rendre compte des choses, f voir juste, et on en tirera un double profit d’étude en s’exerçant à la fois la main et le jugement. Malheureusement l’habitude du croquis de voyage tend à se perdre, semble-t-il. Depuis que les excur-sions ne se font plus, comme jadis, pédestrement et sac au dos, et qu’on a à sa disposition les trains rapides, la bicyclette, voire même l’automobile, qui permettent de longues randonnées. si le voyage n’est pas entrepris spécialement dans un but d’étude, on circule plutôt avec précipitation; on veut voir beau-coup de pays et le plus de choses possible, mais on arrête peu on est toujours pressé, on est fatigué, et l’on n’a ni le temps, ni le courage de prendre des croquis, et puis le kodak 21 remplacé l’album; c’est moins long; sans parler des cartes postales illustrées, dont on se contente pour rapporter des souvenirs des villes et de leurs monuments. Il est donc bon de réagir; c’est pourquoi, aux jeunes étudiants en architectura, animés comme il sied de la louable ambition de devenir des artistes habiles, nous ne cesserons de donner ce conseil d’ami ne voyagez jamais sans l’album de croquis, mais n’en laissez nulle page intacte; dessinez, croquez beaucoup et a toute occasion, vous y prendrez cer-tainement un plaisir qui portera ses fruits. Le concours de la t, Bourse de l’Archilectea avait attiré cette année dix-sept concurrents. Disons tout de suite que tous ent présenté un choix de dessins, croquis ou aquarelles pleins d’intérèt, et qui dénotent chez leurs auteurs dés qualités sérieuses et brillantes de dessinateur. Mais il n’y avait qu’une bourse à décerner; force était donc au jury de procéder à une sélection minutieuse, et c’est ainsi qu’après des éli-minations successives furent retenus pour le chois définitif du lauréat sept envois, ceux de MM. Boille, Rivet. Rigole!, Maurice Durand, Laurentin, Godard et Dupré. Le vote pour l’attribution de la bourse réunit presque l’unanimité des suffrages (sept voix sur huit), en faveur de l’envoi de M. Rire!, élève de M. Defrasse. Ce jeune architecte exposait quatre châssis ren-fermant vingt et quelques dessins qui ont figuré aux Salons des années dernières et représentent des vues du vieux Blois. Il est difficile de concevoir quelque chose de plus séduisant et de plus spirituel que ces petites images, dignes d’être reproduites comme illustrations d’un ouvrage de luxe ; dessinées très finement à la plume avec touches à l’aquarelle, dans un ton très doux de brou de noix, elles montrent ue série de coins curieux et bien choisis, et fornment toutes de délicieuses compositions. Dans celles-ci l’architecture entre bien comme élément principal; mais on y trouve des accessoires, de char-mants petits groupes de personnages qui viennent donner de l’intérêt et de l’animation au sujet, et qui