9. L’ARCHITECTE Par suite du manque souvent complet de prépa-ration technique et artistique, l’État et le public n’auraient aucune garantie pour la direction vraiment artistique et technique de la restauration des cons-tructions, et l’un et l’autre auraient bientôt renoncé â la collaboration d’un architecte qui ne serait en situation d’assumer aucune responsabilité ni de tenir aucun engagement; un dessinateur d’art, quant à la direction artistique des travaux, et, quant à la direc-tion technique, un entrepreneur ou un ingénieur, auraient bientôt remplacé l’architecte ; mais par ce moyen le problème ne serait pas résolu. Il faut que l’on ait conscience que le métier d’ar-chitecte est de tous les métiers techniques et artis-tiques le plus difficile et te plus élevé. L’architecte doit être un artiste; il doit régner Du tout le domaine de l’architecture, sous peine de végéter dans une médiocrité bornée, et il doit être à la hauteur de la tâche qui lui est assignée. Il doit être constructeur, pour bien composer son édifice, conformément aux lois de la statique et aux règles du bon emploi des matériaux, et aussi pour en diriger l’exécution ; c’est précisément dans ce mot vv dirigera que résident le rôle futur de l’architecte, son autorité et son influence sur les tribunaux, sur le public et sur le personnel d’exécution des travaux. L’architecte doit s’assimiler l’esprit de son temps ; ce doit être un penseur, préparé par une solide culture intellectuelle à l’accomplissement de sa tâche ; il doit montrer, non pas comment on peut, mais comment on doit l’accomplir et pour cela servir le progrès et l’esprit moderne ; il doit trancher en maitre les principales questions relatives aux maté-riaux et à la construction dans toutes les branches de la construction. Il est le mandataire technique, juridique et, dans le cadre des fonctions qui lui sont dévolues, le curateur de son client; il doit mettre au service de celui-ci son honneur et tout son savoir en échange des honoraires qu’il reçoit au tant pour cent du corn des travaux. Il doit être homme d’affaires pour pourvoir à tout, aussi bien et aussi équitablement que possible; il doit aussi être versé dans la science du droit pour éviter tout dommage à ses clients au moyen de marchés passés avec les entrepreneurs, après une préparation consciencieuse dans laquelle toutes les éventualités auront été envisagées. Il doit s’abstenir de toute action spéculative ou commerciale ayant rapport à l’industrie du bâtiment; il n’a enfin le droit que d’âtre architecte, et c’est là que réside un point capital de la question à résoudre: car dès l’instant qu’il exerce un métier du bâtiment, il ne lui est plus permis de s’intituler architecte, quand bien même il serait autorisé à le faire par ses études antérieures plus ou moins réelles. Le titre d’architecte ne doit être reconnu qu’à ceux qu’un savoir technique bien établi, un talent vérita-blement artistique et une pratique réellement acquise ont désigné à l’État et aux groupements ou chambres d’architectes, et qui considéreront, avant tout, qu’il ne peuvent exercer qu’une seule profession, celle d’architecte. Il y aurait donc lieu de poursuivre la stipulation définitive des principes que l’État devrait exiger, sous la forme de la lb:SOLUTION suivante: e La décision établissant le droit à l’exercice «professionnel est réservé aux Chambres syndicales des Architectes. t< Pour s'intituler architecte, il est absolument nécessaire: ro D'avoir dirigé des travaux pratiquement, «pendant un temps minimum, à fixer par les Chambres d'Architectes. e e° De passer un exn de e directeur de cons-s truction donnant autorameisation, par l'État, de diri-t. ger seul et sous responsabilité toute construction, « examen à passer devant une commission à laquelle e seraient adjoints des représentants de la Chambre des Architectes. e 35 D'être membre de la Chambre des Archi-etectes. M. E. Chastel (France:, délégué de la Société des Anciens Élèves Diplômés de l'École spéciale d'Ar-chitecture, défend la théorie du diplôme obligatoire et soutient que l'autorisation d'exercer la profession d'architecte ne devrait être accordée qu'à celui-là seul quipeut prouver, par la production d'un diplôme, qu'il possède le minimum de capacités pouvant équilibrer la responsabilité qui s'attache à la fonction ; il expose que la création d'un diplôme obligatoire, loin d'en-traîner la fermeture de la carrière, serait au contraire une garantie pour celle-ci, et qu'il n'y aurait pas à craindre non plus que, pour ne pas restreindre dans de trop grandes proportions le nombre des candidats à ce diplôme, l'on soit obligé d'abaisser le niveau des études qui doivent y amener. M. Alb. Haupt (Allemagne) abonde dans le sens de M. Baumeue et expose la situation indigne faite dans certains pays d'Allemagne aux architectes, soit par ceux qui se prévalent de ce titre sans y avoir aucun droit, se vantant même de vendre le métier comme sine marchandise, soit parceux qui refusent de « donner du travail v à quiconque porte le titre d'ar-chitecte; il expose la nécessité de grouper les asso-ciations en une vaste alliance ayant pour but de faire respecter l'honorabilité de la profession et de tendre à ne la laisser exercer que par ceux ayant établi leur qualité au moyen d'examens de capacité. M. Louis Bonnier, Président de la Société des Architectes Diplômés par le Gouvernement Français, • prend la parole pour mettre en garde ses confrères autrichiens contre le danger qui pourrait résulter de