76 L’ARCHITECTE horizontaux, à la condition de s’établir exactement au point de partage des versants. Cette hypothèse est loin de s’être vérifiée; j’ai pu me rendre compte, au cours de quatre ascensions nécessitées par d’urgentes réparations à faire à l’édi-fice, que l’emplacement et le cube des accumulations de névé varient considérablement d’une année à l’autre, suivant l’aire des vents dominants. Il était donc utile de chercher à tenter de déplacer latéralement la construction en même temps qu’on la relèverait au niveau du sol. Voici quelles dispositions avaient été prévues pour cette dernière opération: toutes les charges étaient reportées, par l’intermé-diaire des écharpes des pans de bois constituant les parois, sur les poteaux corniers, sous lesquels devaient être placés des vérins capables de remonter sans peine, en quelques heures, l’édifice au niveau du sol. • F.. 63. — ÉTUDE DION OBSERVATOIRE ro UR LE SOMMET ne Mont-B,666.— H. Beaudortin, archinecte. Malheureusement on négligea d’exécuter ce travail de relèvement au moment nécessaire, car du fait accessoire que le nivellement de l’observatoire variait peu, on avait conclu que l’opération ne s’imposait point et laissé les neigess’accumuler tout autour du bâtiment, dont les parois présentent un talus très marqué. Si bien que, lorsque la nécessité de l’opé-ration une fois reconnue on tenta de l’exécuter, ces parois obliques, furetant pyramide, se coincèrent dans les couches déjà fermes du névé, et la manceuvre des vérins fut arrêtée après quelques tours de vis. Il eût fallut, à ce moment, dégager les quatre faces et persister dans la manceuvre, sans s’inquiéter outre mesure de quelques craquements qui devaient inévi-tablement se produire pendant le déplacement d’une masse aussi considérable. Au contraire on laissa l’enfouissement continuer, et il le fit avec une rapidité déroutant toutes prévi-sions, les neiges s’entassant par grandes masses et transformant en un vaste dôme la pointe assez aiguë naguère du Mont Blanc. D’ailleurs cc phénomène semble avoir atteint aujourd’hui son maximum, autant que l’on peut s’en rendre compte par le recou-vrement progressif des deux massifs rocheux situés, au Nord et au Sud, en contre-bas de l’extrême sornmet. Je fus chargé par M. Janssen de parer aux défor-mations que la pression des glaces avaient causées à la construction, et il fur possible, moyennant quel-ques renforcements et quelques chaînages, de main-tenir le tout en z bon état pour que les travaux des observateurs aient pu s’opérer jusqu’aujourd’hui. Mais, dès ma première visite, je dus reconnaitre que l’amoncellement du névé sur les parois en talus de l’observatoire était tel que le déblaiement en était devenu impossible, que par suite il fallait renoncer à relever l’édifice, et que d’ailleurs cette mesure, même prise à temps, n’eût point suffi à en assurer la stabilité. La solution du problème consiste, mon avis, à construire tin nouvel édifice sur patins, susceptible d’être changé de place et ramené au point culminant lorsque celui-ci s’est déplacé ou que la construction menace de s’enfouir: le déplacement par glissement sur la neige d’une masse aussi pesante est chose faci-lement réalisable, moyennant une dépense de force très faible, même sur des pentes accentuées. La fixation de l’édifice, importante à assurer étant donnée la violence du vent à cette altitude, me semble devoir être pratiquement réalisable au moyen de pieux à vis qui pénêtreraient facilement dans la glace tendre jusqu’à la profondeur néces. saire. Quant à l’édifice lui-même, c’est suivant un prin-cipe tout à fait particulier que nous le supposons devoir être construit: Les conditions principales que doit remplir toute construction faite dans la haute montagne, sont, classées par ordre d’importance, les suivantes : étanchéité, légèreté, isolement calorique. L’étanchéité n’est assurée que de façon très pré-caire par le système de construction ordinairement adopté: parois en planches et couvre-joints ou pan-neaux de frises rainées; elle n’est complètement réalisée, dans les constructions soignées telles que l’observatoire Vallot aux Bosses, que par l’emploi de revêtements extérieurs, coûteux d’établissement et d’entretien. En effet, la neige pulvérulente et le grésil, composés de menus cristaux, se comportent comme le sable fin des plages et sont poussés par le vent dans les moindres joints ouverts par le jeu du bois: il faudrait donc que ces joints fussent serrés. d’une manière continue par une force constante. C’est la considération de cette nécessité qui m’amena penser au tonneau, dans lequel cet idéal est réalisé de la façon la plus efficace, et ce fort simplement, par le serrage élastique des douves par les cercles.