L’ARCHITECTE LES TRAVAUX DU VIII’ CONGRÈS INTERNATIONAL DES ARCHITECTES VIENNE AI:TRU1W, 18-23 Ni, 19o8 (Soule), THÈME I De LA RÈGLEMENTATION . CULTURE DES ARTS PAR L’ÉTAT (suite). Analyse du rapport de M. Max Berg: L’importance de l’art graphique pour notre culture intellectuelle s’accroissant chaque jour davantage, il importe pour l’État de rompre définitivement avec cette erreur inconcevable que l’art est un élément d’éducation, à la vérité plein de charmes, mais sujet il restriction; que c’est un luxe réservé aux gens aisés; que par suite l’État n’a pas d’intérêt vital à sa conser-vation et ne doit chercher à remplir ses devoirs envers lui que le plus économiquement possible; façon de dire et de faire vraiment déplorable, mais malheu-reusement encore trop répandue dans les gouverne-ments et les parlements. Or l’art plastique est l’un des plus importants facteurs de l’instruction morale du peuple et l’une des nécessités intellectuelles qui s’efforcent d’atteindre au-delà des buts purement matériels, et l’État, outre sa tâche de remplir son devoir dans le sens artistique, a le plus grand intérêt à développer et élever le niveau moral des citoyens; il doit donc considérer la culture de l’art comme le devoir capital de son exis-tence l’encontre des fâcheux errements suivis jusqu’ici — mais il ne faut pas que, n’étant rattachée qu’incidemment à un ministère dont les agents n’y comprendraient rien ou ne s’y intéresseraient pas, cette culture ait l’air de chercher à s’insinuer parmi les autres occupations de l’État ou paraisse être adoptée par lui comme un enfant d’un autre lit. L’autonomie est absolument nécessaire il son déve-loppement; et de même que l’administration de la justice, de l’instruction publique et autres grands services, exigent des départements spéciaux dans la vie de l’État, de même il doit être créé pour elle un département particulier, par la fondation d’un minis-tère spécial; alors seulement l’État pourra remplir son devoir au point de vue de l’éducation intence. euelle du peuple. L’organisation de ce ministère ne correspond pas seulement à l’importance de l’art en soi, c’est aussi la seule voie ouverte â l’État pour remplir, de façon convenable et adéquate à celle-ci, la tàche qui lui incombe. In Voir les no, 8 d’août, e, 9 de septembre tgoS. Dans un tel ministère se trouveraient réunis tous lesservices artistiques de l’État, qui actuellement s’étiolent, épars, dans d’autres ministères, et il ne serait pas moins important de dégrêver ces derniers de devoirs à la hauteur desquels il leur est impossible de se trouver, que d’assurer l’accomplissement nor-mal de ces devoirs et de garantir complètement le bon fonctionnement des divers services. Ce serait une erreur de croire que l’ensemble des tâches artistiques ne serait pas assez considérable pour motiver la création de ce ministère, et une énumération succincte suffirait démontre, il lui appartiendrait en effet, outre l’administration de toutes les charges artistiques publiques, de veiller à la construction et à l’entretien des monuments de l’État, des grands édifices, des travaux d’ingénieurs et de chemins de fer; à l’organisation et au jugement des concours de projets; à l’application des moyens propres à empêcher l’enlaidissement des villes et des campagnes; aux expositions diverses ; au perfection-nement de l’éducation dans les académies, écoles des Beaux-Aces, écoles techniques, d’industrie d’art, de travaux manuels, etc; en un mot à tout ce qui res-sortit au domaine de la culture artistique de notre époque et à tout ce qui est utile pour en assurer l’élévation. Avec ce champ d’action qui paraît cependant asz vaste, la totalité des devoirs d’un ministère desse Arts ou des Beaux-Arts ne serait pas épuisée, loin de là, car sa sphère d’activité croîtrait avec le temps. Toutefois la contingence continuelle de ce ministère avec la pratique serait des plus importantes; aussi son organisation devrait être telle qu’il lui fût assuré la collaboration des milieux producteurs et intellec-tuels de la population ; é deviendrait alors le centre et le lieu de la véritable culture artistique, qui en retour permettrait de satisfaire aux ardentes aspira-tions des peuples. La «Résolution » proposée par le Comité prépa-ratoire et le Comité permanent résumant toutes les études faites sur ce thème, a été adoptée, avant le Congrès, par trois Sociétés et 384 personnes isolées, sans restriction, et par une Société et deux personnes isolées, avec restriction, alors qu’une seule voix s’est élevée contre elle. En présence de cette énorme majorité d’adhésions, le rapport de M. Alois Wurm conclut que les archi-tectes doivent, remplis d’un enthousiasme fécond, lutter inlassablement pour faire aboutir cette « Réso-lution », qui est susceptible de pouvoir et de devoir, dans tous les États du monde civilisé, faire réaliser la création de ministères des Arts plastiques, dans lesquels seuls l’Architecture pourra trouver une condition digne d’elle; et en conséquence il invite le Congrès à sanctionner cette adoption par son vote. OCTOBRE ‘908