4, L’ARCHITECTE La pensée d’honorer la mémoire des grands contemporains et amis de son ancêtre l’inspira heu-reusment; la composition du projet est noble et bellee: entourée des trente-deux tombes rangéesautour d’un amphithéâtre, une statue de la Liberté se voilant domine une tribune vide es enguirlandée de fleurs de deuil. Cette oeuvre est la première où se révèle la conception décorative de l’artiste, avec ses parties ornées se détachant franchement sur des fonds plus sobres (PI. XXXI). Le sujet de ce projet de monument, les qualités qu’il faisait connaître firent sensation et attirèrent l’attention sur son auteur: c’était à la fin de l’Empire. Aussi, après la guerre, en [871, Julien Guadet fut-il nommé chef d’atelier à l’Ecole des Beaux-Arts, en remplacement de Constant Dufeux. Ce dut être pour lui une vive joie : cc rôle d’éducateur plaisait à son caractère bienveillant, à son esprit à la fois réfléchi et brillant. Enseigner était pour lui une satisfaction, l’accomplissement d’un devoir, et son atelier devint rapidement un des plus fréquentés; dès lors, il commença à avoir sur l’enseignement une influence qui alla toujours en augmentant. En [876, Julien Guadet construisit pour le peintre Lerolle un hôtel d’artiste, avenue Duquesne, avec façade en moellons, briques et céramique; il exécuta vers la même époque sa maison de campagne de Chaville, avec façades en meulière et pierre, que des adjonctions successives ont rendue si pittoresque au milieu de la verdure des bois. C’est vers cette époque également qu’il fut admis au nombre des experts près le Tribunal Civil de la Seine; ce fut pour lui l’occasion d’appliquer ses dons d’analyste. L’étude d’une affaire l’intéressait, fût-elle ardue, s’il y voyait une occasion de se livrer à des recherches, à des investigations qu’il excellait à résu-mer dans on style solide et savoureux. Ses rapports étaient fort goûtés pour leur clarté et leur précision. Chargé par l’État d’étudier un Hôtel des Postes pour Paris, Julien Guadet se trouva en présence de difficultés de toutes sortes. Pour grand que fût le terrain désigné, il était encore trop petit pour la multiplicité des services qu’il devait contenir, ce qui obligea Guadet à couvrir la surface entière, ne lais-sant inoccupés que les espaces strictement néces-saires pour l’éclairage et l’aération. Tous ces services furent répartis en un sous-sol et trois étages, reliés par des escaliers et des appareils mécaniques destinés h rendre les manutentions plus rapides. Ce fut en 1881 que commença l’exécution; toute la cons-truction intérieure est en fer et forme un vaste abri sous lequel sont distribués, à chaque étage, les divers services qui sont séparés seulement par de légères cloisons, facilement dêplaçables; les façades sobres et voulues, en pierre, affirment les tendances archi-tecturales et le rationalisme de l’artiste. On retrouve ces tendances plus développées et macquées d’une personnalité plus libre dans la maison qu’il édifia en 1888 au boulevard Saint-Germain. La façade surtout, avec ses grands nus percés de baies dé-pourvues de moulurations, ses balcons robustes aux fortes consoles, ses ornements sobres et puissants mais sans lourdeur, marqua le point de départ d’une véritable évolution dans la manière de comprendre la décoration des immeubles d’habitation. Les pris, ripes qui avaient guidé son auteur ne tardèrent pas â former des adeptes nombreux qui les suivirent dans leurs compositions. Ce fut aussi une des premières maisons où furent installés les perfectionnements, aujourd’hui d’usage courant, tels que calorifère à eau chaude et ascenseur. Aux Bâtiments Civils il fut, avant son départ pour Rome, attaché à l’agence de l’Opéra, où il étudia surtout sous la direction de Ch. Garnier le grand escalier; après la guerre il collabora avec son maître J. André à la construction des nouvelles Galeries du Museum. Puis, chargé de l’entretien du Palais-Royal, il lui incomba de reconsti-uire la salle du Théâtre Francais,