L’ARCHITECTE affaire, je ne donnerais pas un seul coup de crayon; les artistes aiment qu’on sache les apprécier, et ce ‘ne sont que les personnes instruites qui aiment et encouragent les arts. Je ne serai jamais plus heureux que quand je me trouverai sous votre direction. » Louis devait pourtant s’occuper encore de Bor-deaux. Lorsqu’après i785 le Château-Trompette fut définitivement désaffecté, il étudia la création d’un nouveau quartier dont les rues convergeaient sur une place centrale semi-circulaire, décorée de façades uniformes reliées entre elles par des arcs triom-phaux. Au milieu de la place, appelée Ludovise, devait être élevée une colonne à la gloire du règne de Louis XVI. Ce projet fut ajourné, la Révolu-tion survint, et la place des Quinconces, bordée de façades sans caractère, devait au temps de la Restauration remplacer l’ensemble monumental rêvé par Louis. Celui-ci du reste était mort à Paris, riche, quoi qu’on ait dit, mais très oublié. Aucun journal ne mentionna la perte de l’architecte du Grand Théâtre de Bordeaux, du Théâtre-Français à Paris et des galeries du Palais-Royal. Outre les monuments qu’il a construits, Louis a encore doté Bordeaux d’une féconde école d’archi-tectes. Sauf Portier, l’architecte des portes monu-mentales élevées sur les cours, et Bonfin qui était déjà une personnalité lorsque Louis vint à Bor-deaux, les autres, formés à son agence ou inspirés par les constructions qu’il avait édifiées ou pro-jetées, procèdent visiblement de lui. Nous avons cité Lhote. Nous citerons aussi Dufart, l’architecte du petit Théâtre-Français qui se trouve en haut du cours de l’Intendance. Dufart fit là œuvre ingénieux. On lui doit aussi nombre d’habitations suburbaines de style neo-antique, filles du Grand-Théâtre’, par exemple la Maison Carrée de Peixotto, â Arlac, qui subsiste un peu délaissée au milieu d’un grand parc. Il faut aussi rappeler le nom de Laclotte qui éleva en face du Grand Théâtre, avec la volonté avouée de l’écraser, la masse de hautes constructions connue sous le nom d’ «Ilot Bonalk », constructions si sem-blables aux ordonnances de Louis qu’elles se fon-dent’ avec les hôtels voisins dus â celui-ci. Un peu plus tard, Combes affirmait son talent dans la cons-truction du bel hôtel Aquart. aujourd’hui Sarget, sur le cours de l’Intendance, et dans celle du Petit-Séminaire, autrefois Dépôt de Mendicité. Ces architectes, auxquels il convient d’ajouter les noms de Nicolas Papon, de Thiac, de Gabriel Durand, celui-ci formé entièrement à l’agence de Louis et venu avec lui â Bordeaux où il se fixa et fit souche d’architectes, ont eu à leur tour des disciples, qui ont perpétué â Bordeaux durant la plus grande partie du xffii, siècle les styles du siècle précédent, dans des constructions souvent heureuses et gracieusement décorées, grâce à l’école d’orne-manistes qui a parallèlement oeuvré jusqu’à nos jours. CHARLES SAUNIER. BIBLIOGRAPHIE LES ARCHITECTES ÉLÈVES DE L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS (1793-1907), par E. DELAIRIS. architecte. — Un vol. in-8 édité par la Librairie de la Construction Moderne, 13, rue Bonaparte à Paris. Une premiers édition de cet ouvrage avait pat 1895, en collaboration par MM. David de Penanrun, Roue et Delaire, l’utilité de ce travail de benedictin, dont Ch. Gar-nier avait écrit la préface, était grande, car il était en somme l’annuaire de tous les architectes ayant fait de véri-tables études. et permettait à anus qui voulaient faire bâtir de choisir !élus mandataires, en laissant de coté les étran-gers à la profession, et de faire ainsi une sélection naturelle et logique. Nous espérons, disaient les auteurs dans l’introduction de la premiers édition, qu’il sera pour le public un moyen certain d’apprécier l’importance de notre rôle dans la so-ciété, l’utilité de noire concours par l’étendue de nos cn-naissances et par la variété et la souplesse de notre art; qu’il sera pour tout le monde un guide précieux et un recueil d’un intéret absolument pratique et usuel. Les admi-nistl’ations publiques ou privées y puiseront des indications précieuses dans bien des cas, les magistrats y trouveront des bases d’appréciation de la compétence technique des architectes, dont ils doivent emprunter les lumiéres; tous seront certains, en s’adressant à des architectes mentionnés dans cet ouvrage. de trouver réunies la capacité et 1-hono-rabilité dont nos écoles sont des foyers incontestés. Le développement considérable qu’a pris l’enseignement de l’architecture, l’accroissement continuel de la corporation dont les rangs s’augmentent chaque année den ouvelles recrues, avaient, depuis assez longtemps déjà, rendue insuf fisante cette premier° édition. Sollicité à de nombreuses reprises de lui donner une suite, M. Delaire, seconde par un comité qui lui apporta son appui moral et matériel, se, remit à la tache, et menant it bonne fin ce labeur énorme, nous donna cette seconde édition tant attendue, pour la-quelle NI G-1,. Pascal a bien voulu écrire une préface ei pour laquelle nous devons a Fauteur tant de remerciements. Le nouvel oui rage comprend non seulement les matières qui composaient l’ancien, c’est-à-dire l’histoire de l’École des Beaux-Arts — enseignement. reglement. listes de pro-s, diplômes, prix de fondation, — de 1819 à 1894, et des parties de l’histoire de l’architecture française de ta fin du sen` siecle à nos jours, mais encore, naturellement, des additions considérables: les listes de l’Écoles de t89q à tee; ; un inventaire monumental où figurent les édifices d’un certain nomblqi. de villes importantes, avec les noms de leurs auteurs et la date de leur construction, un chapitre consacre à l’histoire des ateliers, un autre aux Salons et aux concours publics avec la liste des récompenses de 189A