L’ARCHITECTE — Fer, (78 AA mars,. , 87, 888 PAAA.-GAA,188, a BommAux. BORDEAUX C’est une constatation banale, trop ressassée, osais encore vraie, que de dire que les Français ne con-naissent pas les trésors d’art dont la France abonde. On va chercher bien loin, ou dans les musées, des exemples qui pourraient être plus profitablement étudies sur place, à leur échelle et dans la lumière pour lesquelles ils ont été créés. Cette étude ne nécessiterait pourtant bien souvent qu’un déplace-ment d’un faible rayon. Mil lin, dans ses Antiquités, le baron Taylor avec ses Voyages pittoresques dans l’ancienne France, certaines anciennes publications architecturales, dont les plan. ches sont malheureusement exécutées par des pro-cédés ou trop sommaires, infidèles, ont tenté d’attirer l’attention sur nos villes illes et nos monuments. En vain pourtant, car, le livre ou le recueil revissé. on semblait oublier. Faut-il rappeler aussi que les premiers moulages ?le nos monuments des suff-xv° siècles ont été exécutés aux frais des musées anglais, et que c’est bien après que l’on s’est décidé en France à imiter l’exemple donné par l’étranger? Avec les moyens modernes et quasi parfaits dont il dispose, l’Architecte va s’efforcer, une fois de plus, de mettre en lumière les chefs-d’œuvre architectu-raux ou décoratifs de l’ancienne France. Mieux pré-sentés et plus fidèlement ils auront peut-être pour les lecteurs un attrait enfin précis définitif. L’Architecte compte notamment, pour ce uval. siècle aujourd’hui si à la mode et pour ce Gui’ siècle un peu trop dédaigné et qui offre pourtant de si nobles escarpins d’ordonnance architecturale et de richesse ornementale, appeler l’attention des cons-tructeurs et des ornemanistes sur les œuvres par-faites conservées dans plusieurs des grandes villes de France. On parlera aujourd’hui de Bordeaux et on en reparlera dans un court laps de temps, car la belle ville offre nombre d’ensembles caractéristiques. Il est singulier qu’à une époque ou l’art du xviiff siècle jouit d’une faveur considérable, on ne se soit pas davantage préoccupé de Bordeaux. Alors que les monuments de Nancy ont été si souvents décrits, dessinés, photographiés, aucune publication n’a reproduit encore les morceaux d’architecture et les ensembles décoratifs qui abondent à Bordeaux. Comme Nancy pourtant, Bordeaux a subi au cou-rant du voue siècle une transformation radicale. Par la volonté impérieuse des Intendants, remplissant en Guyenne un rôle parallèle à celui du roi Stanislas en Lorraine, une ville nouvelle, niait siècle, a remplacé une cité gothique immuable jusqu’alors. Mais il n’y a pas eu seulement volonté de trans-former. Les Intendants ont été servis par des artistes exquis, architectes ou sculpteurs, qui ont multiplié travers la ville des morceaux décoratifs tout à fait supéreurs. Et c’est cette supériorité, cette perfection qui sont la caractéristique de Bordeaux. En effet, une nouvelle forme d’art ne vaut pas seulement par la part d’im-prévu, d’élégance, de logique qu’elle représente, mais par la façon dont ses éléments de beauté sont inter-prétés. Or à Bordeaux les travaux furent exécutés avec un goût et un soin extrêmes. Ailleurs il y eut dans la décoration de l’ampleur, de l’audace ou de l’humour, mais nulle part, si ce n’est à Paris et seulement dans quelques construc-tions, on ne rencontre cette délicatesse et cette sûreté d’outil qui s’affirme dans la presque totalité des cons-tructions bordelaises du xviliv siècle. Et ici ce n’est pas seulement la pierre, sa stéréotomie et sa déco-ration, qui doivent attirer notre attention, mais encore les fers forgés, les décorations intérieures, le mobilier. Cette ville posséda, en effet, d’excellents sculpteurs sur bois et de non moins remarquables ferronniers. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les quartiers de la Bourse, de la Rousselle, des Char-tronc et mème de Bacalan. Ce sont des départs de rampes admirables, des appuis de balcons aussi élé-gants qu’ingénieux de décor, des impostes qui ferment JANVIER .908