io6 L’AMOUR Il serait injuste de ne pas citer le fron-tispice gravé pour Mant-Cinère, de Julien Green (Plon), magistrale synthèse de ce livre pathétique, ainsi que celui pour Une Fugue, de Bove (Editions de la Belle Page). Une fois de plus, il faut nommer l’ani-mateur des éditions de La Pléiade, M. G. Schiffrin, car s’il fut un des premiers à faire confiance à Alexeieff et à le soutenir, il lui a permis de donner la mesure de son talent en lui demandant d’illustrer Le,r Frèred. Karanzazoe. C’est un événement de la plus haute importance. Il témoigne de la valeur de l’artiste et de sa profonde compré-hension d’un texte qu’on pouvait juger jusqu’alors comme impossible à transposer. La critique et le public verront, rassem-blées à la Galerie de l’Art Contemporain, les cent lithographies dont on ne saurait mieux dire que ceci : elles sont à la hau-teur de l’immortel chef-d’œuvre de Dos-toievsky. Alexeieff doit être loué sans réserves de cette tâche considérable qu’il a su mener à bien. Je crois pouvoir affir-mer que nul autre que lui n’en était DE L’ART capable. On en jugera par sa série de portraits qui resteront comme des types accomplis de la plus subtile psychologie. L’illustration d’Alexeieff pour ber Frèred. Karantazog marquera une date dans l’his-toire du livre et de la gravure, dans l’histoire de l’art. *** Parfois l’artiste est sujet au décourage-ment. A de certaines heures il doute de tout et particulièrement de lui-même. Il traverse des crises pénibles qui laissent comme un goût de cendres. Qu’il sache bien que bèaucoup mettent en lui les plus grands et les plus légitimes espoirs et qu’il suive donc sa voie ainsi qu’il l’a fait jusqu’à présent : en méprisant les mar-chandages qui amoindrissent et sans se soucier du snobisme. Qu’il s’exprime tou-jours en toute liberté. Il ne saurait être d’autre règle pour un artiste d’une aussi consolante pureté. EAU-FORTE POUR LE « JOURNAL D’UN VOU Edii. ROGER BRIELLE.