trouvé sa voie. On ne saurait mieux faire que lui appliquer le jugement perspicace de M. Henri Mon-gault écrivant de Go-gol :  » Observation et fantaisie, lyrisme et réalisme lutteront tou-jours en lui, se cédant le pas à tour de rôle « . (Préface aux A mes-Mortes., Ed. Bossard) L’éditeur Schiffrin, à qui l’on doit des édi-tions de luxe qui se classent parmi les plus belles et les plus intel-ligentes de notre épo-que, lui permet d’em-ployer ses dons en-chanteurs en lui con-fiant l’illustration du Journal d’un Fou, de Gogol. C’est le pré-texte pour le graveur à des tailles-douces tout à fait remarqua-bles, tant par leurs qualités d’imagination que par une technique fort précieuse. L’at-mosphère de cette oeuvre hallucinante est rendue avec un sens très net des valeurs. Par le jeu subtil du noir. et du blanc, Ale-xeieff atteint aux plus hauts degrés de l’émotion. La formation intellectuelle de l’ancien Cadet de Pétersbourg transparaît dans ces gravures fantasques, Poë, Ander-sen, Hoffmann… Les lithographies qu’illustrent Maria Chapdelaine (Editions du Polygone), sont empreintes d’une poignante intensité de sentiment et vibrantes d’humanité. Le frontispice du livre représente Maria Chapdelaine dans l’attitude de la prière. C’est une composition sévère et tendre à la fois, une des plus pures prodUctions de ce que Marcel Brion, dans son très beau Giotto appelle le  » mysticisme réa-liste « . Toutes les lithographies, scènes L’AMOUR DE L’ART BOIS POUR LA PHARMACIENNE « . Edil. des Cahier. » librel. 105 d’intérieur, animaux, paysages, font songer aux artistes japonais dont l’influence est parfois très nette chez Alexeieff. Même sens de la décoration, qui n’est pas seulement de la décoration mais qui, tout en acceptant certaines de ses disci-plines, se grandit jus-qu’à l’universalité. La stylisation ,n’y fait jamais figure de pro-cédé, c’est réellement un choix. Cette décou-verte de l’essentiel n’est permise qu’à de rares privilégiés. Les éditions  » Aux Aides publient Sieg-fried et le Limousin avec une suite de lithogra-phies colorées qui traduisent de la plus exquise manière la poétique fantaisie et l’humour de Giraudoux et Bouddha Vivant, de Paul Morand, avec des tailles-douces en couleurs. Aux  » Cahiers du Sud  » paraît un portrait excellent de Guillaume Apol-linaire, frontispice pour un essai de Philippe Soupault. Aux éditions de  » La Pléiade des tailles-douces en couleurs, de la plus exquise poésie, pour le petit récit de Mau-rois, Foyage au pays- des. Articole.r. Chez Flammarion, des tailles-douces pour Les Nuits- de Sibérie. Ces gravures illustrent dans la perfection l’ouvrage émouvant de Kessel. Vladivostock, où se rencontrèrent tous les uniformes du monde, Vladivostock aux heures d’angoisse, aux nuits tragiques, Ale-xeieff n’avait qu’à ranimer quelques sou-venirs pour l’évoquer !… Il l’a fait sans déclamation, sans vain romantisme et sans doute parce qu’il y a beaucoup de lui-même dans ses images qu’elles nous parlent aussi intensément. FIND ART, DOC