— Comment trouvez-vous, comment dispo-sez-vous ces courbes ? — Ces courbes cor-respondent sur le mo-dèle à une série de points lumineux qui sollicitent le regard. Par le fait de leurs trajets successifs et de leurs recoupements, ces lignes déterminent des pointe de nytbrnee dont la situation dans l’es-pace crée la proportion. La position d’un de ces points d’intersection par rapport à un autre donne le rythme. — Ces courbes cor-respondent- elles tou-jours à des lumières, à ,les chemins lumineux ? — Oui… à. tel ou tel moment de l’éclairage. Mais il faut faire un choix entre ces lignes et ne retenir que les plus continues et les plus importantes. La lecture facile de ces courbes s’impose à ]’oeil et donne sa simplicité à la forme. Le point d’intersec-tion de ces arabesques de lumière deviendra sommet. La logique de ces courbes est telle que lorsque le crayon aura dis-paru, l’ceil continuera à les subir. Et c’est du rythme créé par elles que l’a=il retirera du plaisir.. Il y a correspondance entre toutes ces lignes. Si je déplace l’une d’elles, tout rapport harmonique disparaît. L’in-telligence discerne ces choses, mais c’esf à la sensibi-L’AMOUR DE L’ART NIADEMOISELLE n’aie Romonan. 101 lité de faire un choix… Je regarde ‘longue-ment le modèle, j’essaie de le re.0entir; j’attends la révélation de la lu-mière. Car il s’agit de mettre de l’unité dans l’espace. de façon à ce que rceil ne s’égare pas. La lumière ne prend de valeur que par les rythmes qu’elle crée. Une surface est vivante parce qu’elle est accor-dée rythmiquement. Suivant la façon dont elle se pose, la lumière trouve des chemins nou-veaux ; c’egt ce qui vous donne l’impression du mouvement et par conséquent celle de la vie. Ce qui vous oblige à faire cheminer conti-nuellement le regard dans l’espace Avant de me retirer, j’examine quelques dessins d’Arnold. Ici encore l’artiste cherche la restitution des che- mins de lumière qu’il a découverts sur le modèle. Comme je lui en fais la remarque, il me dit, en me raccompagnant : — Je me préoccupe moins du côté anatomique que du côté rythmique du corps humain. C’est ce dernier qui donne la vie à ]’oeuvre. Par ses accords et par ses rythmes, l’art est du domaine mathématique. Charles KUNsTLER. FIND ART DOC