période de ma carrière. Pendant la seconde, qui va de 191o à 1914, j’ai modelé cette Tête d’en-fant, le baste d’Achille Cedbrou, celui de Mada-me Olivier et ce buste de jeune fille, en bronze noir. Ce dernier me paraît plus sensible et plus vi-vant que tous ceux que je viens de voir. Je le lui dis. — Oui, me dit Ar-nold, on sent ici le bé-néfice de mes recherches antérieures. Ici il n’y a de synthèse que dans les rapports. La forme s’est enrichie. Comme tous les détails sont soumis à une ordon-nance rigoureuse, ils ne se confondent point; ils s’exaltent. — On éprouve pour-tant (levant ce buste une grande impression de simplicité. — Si j’ai obtenu des surfaces vivantes, c’est en disciplinant mes sensations. Je suis op-posé à l’analyse, qui est desséchante et vous entraîne en dehors de la L’AMOUR DE L’ART JEUN I. FI M)11,, A S ■ COIFFURE. – TERRE CUITE (192b). vie… L’analyse doit s’exercer sur les sensations que l’on a et chercher à les expliquer. Il fait tourner le buste sur sa selle et ce sont, à chaque nouveau déplacement, de nouveaux aspects, toujours rythmiques. On y discerne des cheinind de lainière, chemins subtils que l’oeil parcourt aisément et qui donnent l’impression qu’aucune des saillies n’est placée au hasard. — Si vous changez de place un de ces points, me dit-il encore, l’harmonie disparaît. Et pour répondre au reproche qu’on pourrait lui faire de sacrifier l’instinct à la raison, il ajoute : — Mon seul souci, c’est de restituer mes sensations et d’en faire une chose vivante. Mon oeuvre n’est pas le résultat de mon raisonnement, c’est-à-dire une chose préconçue et par conséquent non vivante. C’est au contraire ce qui frappe mes sens que je retiens, cher-chant seulement à connaître ce qui a pu les frapper. Je ne travaille pas avec mes théories ; je les tire de mon travail lorsqu’il est terminé. — C’est, en effet, un sujet d’étonnement pour beau-coup que la richesse et la netteté de vos théories n’aient rien ôté à la précision de vos oeuvres. Mais vous ne m’avez pas encore parlé des travaux que vous vos derniers ouvrages, une série d’harmonies qui s’additionnent et se superposent. Tandis que nous nous entretenons ainsi, l’artiste place devant moi un Torde de fillette (1921), où subsis-tent quelques traces de stylisation, surtout dans la coiffure et dans la robe, puis le buste du Docteur Bo-cbeboid (1922), celui-ci dépouillé de toute stylisation. La Première Offrande, qui est de 1923, marque une nouvelle étape. C’est une adolescente au corps svelte et souple, qui porte un oiseau dans sa main. Les passages subtils du modelé, la grâce de l’ensemble en font une des meilleures oeuvres du sculpteur. Ici tout a sa raison d’être. En 1924, Arnold sculpte la Légende Héroïque. Voici maintenant Suzanne, une jeune fille en bronze noir. Elle a la grâce fluide et l’élégance des Vénus flo-rentines. Mais l’ampleur de ses cuisses et de ses reins lui communique un caractère très particulier. En soulevantune tenture, Arnold me permet d’aper-cevoir, au fond d’un second atelier, une grande figure d’Athlète lançant un javelot que l’artiste a saisi au mo-ment même où il bondit. — Je n’ai pas de formule, me dit le sculpteur ; je cherche à me renouveler sans cesse. 99 avez effectués depuis la guerre. — La guerre a inter-rompu mes recherches .. Mais cet arrêt s’est, en somme, placé utilement dans nia carrière. Il m’a permis de rejeter ce. que j’avais contracté de purement manuel. Depuis lors, je me pré-occupe surtout de l’ar-rangement et des pro-fils… J’ai délaissé de plus en plus la stylisa-tion… J’achève : — Au , profit du style… Il n’y a plus aucune manière dans vos oeuvres récentes, mais un style plein de no-blesse. C’est ce qui leur donne un aspect si vivant et aussi tant d’u-nité. Le galbe de vos contours est devenu plus nerveux et plus mobile. Les formes ne sont plus brisées; toute la masse vibre. — Ces choses ne peu-vent s’établir que selon certains ordres harmo-niques. — Il n’y a plus, dans seule harmonie, mais une FIND ART DOC