98 L’AMOUR DE L’ART MADEMOISELLE M. B. (19.:7). Arnold fait un geste affirmatif : — Oui, et c’était une erreur. La synthèse n’est qu’un passage. Quand elle est réduite à elle seule, quand elle n’est pas accompagnée, elle appauvrit l’oeuvre. L’excès de synthèse mène à la stylisation… L’artiste place sur un socle de fines statuettes de plâtre et de bronze, exécutées entre 19co et 1912, véritables Tanagras modernes reproduisant les cos-tumes, les modes, les coiffures d’avant la guerre. — Ces recherches m’ont permis de progresser, me dit-il. Elles m’ont fait comprendre que les grands plans généraux sont déterminés par les sommets des choses. Ce sont ces directions, fournies par la nature même, qui donnent les harmonies profondes. Dans ces charmantes figurines, on sent déjà la volonté d’établir certains rapports simples s’opposant à tous les autres détails du modèle. On y trouve une heureuse répartition des valeurs qui donnent aux dif-rents plans des couleurs différentes. Ce qui les imposé au regard sans que l’analyse intervienne pour les définir. — Remarquez, reprend Arnold, que je n’ai pas voulu faire un épannelage de la forme ; mais affirmer des plans aériens dont l’orientation, comme je vous l’ai dit, est donnée par certains sommets. La forme reste libre malgré ces grandes directives. « J’attache une grande importance au parallélisme et à l’opposition des plans et des volumes. Le plan n’est pas une facette. Le plan est engendré par trois ou quatre sommets sensibles qui détei mincnt une direction qui s’impose au spectateur. L’unité obtenue par une série de parallélismes contente à la fois l’oeil et l’esprit, car leur attention n’est jamais détournée par des directions divergentes. Tout en précisant des théories qui lui sont chères, Arnold manie tour à tour les petits personnages de bronze ou de plâtre. — Dans celle-ci, me dit-il, vous retrouverez une recherche attentive du parallélisme des plans. line direction affirmée ne doit jamais être isolée. Il lui faut un équivalent, mais un équivalent en harmonie avec elle et qui ait toujours sa raison d’être. C’est ainsi que j’obtiens le balancement des lignes… Au reste, ces lignes ne sont pas une invention de mon esprit. Je m’efforce toujours de les tirer dela nature… — Cette multiplication des lignes parallèles oblige le spectateur à faire un véritable voyage autour d’une oeuvre et l’oeil parcourt celle-ci avec certitude et agré-ment. Il en était ainsi chez les anciens Grecs. Après m’avoir montré deux grandes figures, l’Es-clave agenouillée et la Jeune fille endormie »and un fauteuil, puis une Têle de femme, où se retrouvent encore quelques erreurs de ses débuts, puis enfin Lilelle, une fillette nue qui sourit. Arnold reprend : — Toutes ces études appartiennent à la première MADEMOISELLE J. A. FIND ART DOC