l. Berthold Man L >rsque l’on examine d’un peu près quelle a été l’influence de Cézanne sur la peinture des trente der-nières années, on s’aperçoit qu’elle s’est exercée de plusieurs façons. Il y a eu d’abord une première influe’ nce, qui fut massive. directe, et très apparente. Les peintres qui la subirent empruntèrent à Cézanne sa vision et sa palette. Les harmonies fraîches et la poursuite des effets lumineux, qui avaient formé le programme des impressionnistes, furent abandonnées ; on adopta le modelé par le ton, on revint au tableau. Parmi les peintres qui délibérément se mirent à l’école de Cé-zanne, on peut en citer deux comme exemples : Charles Guérin et Othon Friesz. Quelques années plus tard, lorsque l’enthousiasme pour le bleu de Prusse et les e« trois pommes sur une assiette  » commençait à perdre de son premier élan, arrivèrent les cubistes, qui prétendirent trouver dans l’exemple et les propos de Cézanne un enseignement tout différent. D’après eux, on complétait l’effort de Cé-zanne en réduisant la multiplicité des formes de la nature aux volumes simples de la géométrie : le cube, la sphère, le cône, le cylindre. En réalité, les cubistes déformaient la pensée de Cézanne en l’exagérant. Cézanne n’a fait que recommander, comme Ingres, de rechercher les grands volumes, de ne pas diviser la forme, et non de remplacer une cuisse par un cylindre, une tête par un oeuf. En même temps, par réaction contre les outrances polychromes du fauvisme plus encore que pour s’évader des harmonies cézanniennes, les cubistes adoptaient une palette restreinte, sourde, d’ocres et de verts gris. D’autres peintres enfin, qui ne se sont pas groupés en une école, ont retenu de l’exemple de Cézanne l’ensei-gnement capital du modelé par le ton, enseignement dont les origines sont fort lointaines, puisque des pein-tres de Pompéi et des mosaïstes byzantins il passa aux Vénitiens, à Delacroix, au maître d’Aix. Mais, plus affranchis que les Cézanniens de la première heure, ils ne se sont pas tenus à la palette de Cézanne, ont adopté des harmonies plus variées, et plus proches de la nature. Parmi eux, on peut citer des artistes assez divers : Lotiron, par exemple, Charles Péquin ; et enfin Ber-thold Mahn. ** L’oeuvre de Berthold Mahn est double : il comprend d’une part des peintures à l’huile, paysages, figures, natures mortes, et d’autre part, des lithos et des eaux-FIND ART DOC/