composition est trop élevée pour qu’il s’arrête aux premières solu-tions et s’en sa-tisfasse. Et puis, un beau souci le hante : il craint son propre juge-ment ultérieur. A cette cons-cience d’autres vertus s’ajoutent dont la réunion est assez exem-plaire : le cou-rage, la probité, la simplicité, la logique, la fan-taisie. Il fallait bien quelque courage, à une époque où le béton armé semblait encore une tentative téméraire, pour qu’un jeune ar-chitecte s’adon-nât d’emblée à l’étude du nou-veau matériau. I I n’en fallait pas moins pour oser présenter à un concours de l’ Administration des Postes, Télé-graphes et Télé-phones, — en 1907 —, un pro-jet de bâtiment en béton armé, projet adopté grâce à. la grande compréhension d’un Estaunié. A sa probité nous devons ces oeuvres toutes de fran-chise, où le parti béton est toujours évident ; où la structure est le plus souvent accusée ; où l’enduit est rare et semble même désormais abandonné. A plu-sieurs reprises, avant guerre, Le Coeur utilisa un procédé inventé par son maître de Baudot, la brique armée (1). Les frais de coffrage étaient déjà assez élevés et, par contre, le prix de la brique minime ; la brique armée offrait l’avantage de faire office, à la fois, de coffrage, de mur portant et de parement. Mais en édifiant ces hauts murs de 11 centimètres d’épaisseur, où la brique n’était plus utilisée suivant le principe habituel, l’honnête constructeur se permit la fantaisie de nouveaux appareillages et accusa le parti, notam-ment par la suppression des linteaux devenus inutiles. (i) C’est à la construction de l’église Saint-Jean-de-Montmartre, place des Abesses, à Paris, que de Baudot appliqua son invention pour la première fois. L’AMOUR DE L’ART CENTRAL TELÉPHONIQUE, RUE DU TEMPLE. – 1920. pour les P. T. T., tout en programmes imposés, comportent des particularités et une esthétique nouvelle assez rarement admises, cependant, de nos grandes administrations. C’est que les préoccupations de François Le Coeur, quant à l’esthétique du béton armé, sont de la plus saine tradition architecturale. Il entend que la beauté de ses édifices émane de leur propre principe cons-tructif. Et, les éléments même, structure apparente, dalles en saillie, remplissages, viennent rationnelle-ment participer à l’effet d’ensemble. Aucune recherche de pittoresque n’entache ses compositions, comme aucune décoration rapportée ne vient en gâter l’or-donnance, Il connaît toute la puissance du rythme, toute la valeur de l’équilibre, toute la noblesse de la ligne en matière d’art. Ces données esthétiques, à la vérité, ne lui sont pas particulières : ce sont  » les divi-nes proportions et mesures  » dont parle Philibert de l’Orme et auquelles tous les artistes se réfèrent de tous ; mais il appartient au tempérament de chacun d’en tirer 89 Les plans de François Le Coeur sont sim-ples et logiques, Simples et logi-ques sont ses moyens de réa-lisation. Encore que ces qualités lui soient natu-relles, cet archi-tecte ne parvient pourtant à cette simplicité de composition et de construction que par un la-beur dont il se fait gloire. Il sait ainsi éviter l’é-cueil de la séche-resse et de la froideur. En cela son imagination le conseille heu-reusement ; car les idées, chez lui, sont abon-dantes et sou-ples, et la fan-taisie toute fran-çaise de son es-prit ne perd ja-mais ses droits. Au demeurant, il sait conserver une louable me-sure dans ses innovations, à tel point que ses constructions répondant parfaitement aux 2 FIND ART DOC