L’AMOUR DE L’ART sensible aux diaprures prismatiques de la couleur qu’aux fêles austères et despotiques que combinent à elles seules, en s’affrontant sur le champs-clos des belles façades, la lumière et l’ombre ? D’autre part, les lourds et amples déguisements du carnaval casano-vesque permettaient à Maxime Dethomas de s’aban-donner au goût d’appesantir autour des corps les étoffes épaisses et profondes, riches de traînes et de plis, dans lesquels l’être humain est caché, esquivé, presque éludé. Avec les masques de la Commedia de l’ Aile, Maxime Dethomas revint d’Italie en France. o te Nous n’avons rien dit encore de Dethomas décorateur et costumier. Ces doubles débuts datent de 1911, année où M. Jacques Rouché permit à un certain nombre d’artistes français, au Théâtre des Batignolles, de rivaliser avec les artistes russes qui, depuis deux ans, chaque printemps, à Paris, collaboraient avec M. Serge de Diaghilew. Ces premiers Ballets Russes, ceux de Benois et de Bakst, de Nijinski et de la Karsavina, comment les hommes de ma génération les oublieraient-ils jamais ? Les soirées du Châtelet, en 1909, furent les fêtes d’une Transfiguration. Un art nouveau, fait de force, de mouvement et de couleur, prenait possession du Théâtre. Grands spectacles fastueux qui mirent au monde les PORTRAIT DE le » EDOUARD B. dpp. à M. Jlatt•Ice Refolori). 85 PORTRAIT DE LA PRINCESSE DE C. petits spectacles raffinés du Théâtre des Arts. Appelés par M. Rouché, Maxime Dethomas, René Piot et Drésa firent là, pour les musiciens et les poètes, leurs premiers décors. Les deux faces du talent de Maxime Dethomas eurent l’occasion de s’y faire valoir. Voici les Dominos de Couperin ; voici les Frères Karamasoe de Dostoievvsky. Souvenez-vous de ces amples dominos couleur de rouille, couleur de pervenche et couleur de soleil, allant et venant parmi les verdures taciturnes, devant un tranquille château louisquatorzien qu’on devinait à demi. Chef-d’oeuvre éphémère, qui n’existe plus que dans quelques mémoires privilégiées… Souvenez-vous aussi de ces sobres intérieurs où le drame tiré par Jacques Copeau et Jean Croué du roman russe déroulait ses cruelles et terribles péri-péties… Cher petit Théâtre des Arts, qui persiste, aujourd’hui comme alors, à se vouer aux belles ten-tatives désintéressées, puisque, à l’heure où nous écrivons ces lignes, M. et M— Pitoëff y font con-naître les mystérieuses et humaines beautés des comé-dies de Tchékov à un public subjugué… Lorsque M. Rouché quitta le boulevard des Bati-gnolles pour l’Opéra, Maxime Dethomas le suivit, et, pendant dix-huit ans (jusqu’à sa mort), fut son colla-borateur artistique. De quelle manière Dethomas envisagea et accomplit cette tâche, nul ne saurait mieux le dire que M. Rouché lui-même, qui, à l’heure où, au seuil de la petite église des Ternes, les amis de Maxime Dethomas l’entouraient pour la dernière fois s’exprima en ces termes :