8-4 L’AMOUR DE L’ART PORTRAIT DE Mn* POLAIRE. Maxime Dethomas avait dessiné la couverture d’Ai-mienne. Lorsqu’on interrogeait Dethomas sur Tinan, il ne vous disait pas grand chose. Craignait-il, en les confiant, de laisser perdre à de très chers souvenirs l’essence intime qui les faisait durer? Avec Toulouse-Lautrec, il vécut beaucoup et voyagea souvent. Dans la petite maison de la cité des Ternes, mi-urbaine„ mi-agreste, où l’artiste mena une vie qui fut pendant bien des années harmonieuse et heureuse, il y eut longtemps un portrait à l’huile fait par Lautrec d’après son ami. Ce portrait permettait d’évoquer Dethomas à l’époque de sa jeunesse, élégant et presque dandy, coiffé d’un « huit reflets », cavalier, la moustache retroussée, « habitué » des music-halls et des bars, et menant, dans un Paris qui semblerait aujourd’hui bien provincial, une existence de noctambule sereinement narquois. ** A l’amour de Maxime Dethomas pour Paris, les circonstances devaient adjoindre un autre amour : l’amour de l’Italie, et, plus spécialement, l’amour de Venise. Comme Henri de Régnier et P.-J. Toulet, Maxime Dethomas s’était intimement lié avec deux femmes de haut mérite, l’une et l’autre, hélas, aujourd’hui dis-parues : Mm’ Bulteau et la Comtesse de la Beaume-Pluvinel. J’ai beaucoup rencontré Dethomas chez la première, dans ce petit hôtel de l’avenue de Wagram où nos petits-enfants, lorsqu’ils s’occuperont de nous, rencontreront, à leur tour, tant de nos contemporains. M »‘ » de la Beaume possédait à Venise le ravissant palais Dario. Maxime Dethomas y séjourna longuement et fréquemment. Il retrouvait souvent Henride Régnier. qui a fait, dans les deux volumes de souvenirs intitulés : l’Allaita, le récit fidèle de ces années heureuses. Venise tient une grande place dans l’oeuvre de Maxime Detho-mas ; non point la Venise romantique et pathétique de Musset ou de Barrès, mais une Venise familière et subtilement sociable, où, au milieu des vivants, les seuls fantômes que le promeneur évoque sont ceux des êtres qui, lorsqu’ils étaient laits de chair et de sang, entou-rèrent Casano’va et le président de Brosses et posèrent pour Guardi et Canaletto. Les dessins que Maxime Dethomas composa pour illustrer le.) EdquiedeJ Fe’nilienneJ d’Henri de Régnier sont peut-être ceux où il a exprimé ce qui plaisait le plus à la fois à son imagination et à son coeur. La noble et sereine architecture des palais palladiens de Venise n’était-elle pas faite pour séduire un artiste moins LE TUB. Ulpp. à Al. Jacqued Guéri FIND ART DOC