L’AMOUR DE L’ART 77 llazinol. Nous avons déjà: eu l’occasion d’en dire les mérites, à propos de leurs expositions particulières. La nouvelle Galerie Drouant que dirige depuis quelques mois déjà M. Louis Bied, ne dédaigne Pas de demander à quelques artistes du décor de joindre leurs œuvres à celles des Peintres. Elle nous a Présenté des céramiques de Jean Besnard marquant une évolution nouvelle de sa production que l’on n’ose juger encore sur ces quel-ques spécimens, des vases décorés de grandes figures par René Buthaud, des bijoux de Gérard Sandoz en laque et coquilles d’oeuf, divers Petits objets laqués de Gaston Suisse, d’une grande distinction, et les curieuses fleurs en étoffes de Mme Agnès de Panthou, d’un carac-tère décoratif nettement affirmé en dehors de toute imitation de la réalité. Ajoutons que l’atelier Lachenal a organisé son expo-sition annuelle à la Galerie de la Renaissance et que, parmi la diversité des œuvres sorties de cet atelier, les recherches de céramiques Pastellisées sous couvertes sont Parmi les plus intéressantes, qu’on Pouvait voir à la Galerie E.D.M., rue du Bac, un agréable Projet de bar improvisé par Louis Doumergue et, chez Ecalle, dés faiences peintes de Mlle Paulette Niclausse. Son tézzlé-rament la porte à user de tons puissants, somptueux et elle les accorde avec un réel talent. GASTON VARENNE. PALAIS DES BEAUX-ARTS DE BRUXELLES Exposition JAMES ENSOR. La rétrospective des œuvres du peintre James Ensor s’est ouverte au Palais des Beaux-Arts le 19 janvier. Plus de 35o tableaux, plus de soc) dessins et eaux-fortes constituent un ensemble formidable, ensemble qui occupe les trois-quarts du vaste Palais. C’est autour du chef-d’œuvre du maître : « L’entrée du Christ à Bruxelles ». — toile qui n’a jamais été mon-trée au public — que s’ordonne cette belle exposition. EXPOSITION DES PEINTRES MODERNES ANGLAIS Vers la mi-février s’ouvrira au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles une exposition d’un très grand intérêt. Sous les auspices du Palais, un ensemble important d’céuvres anglaises sera Présenté. Autour du « London Group » les Peintres significatifs des tendances modernes de la pein-ture anglaise seront représentés : IValter Sickert, Sims, Augustus John, etc. BIBLIOGRAPHIE H. FOCILLON. La peinture aux xixe et xx° siècles ; du réalisme à nos jours. H. Laurens, édit. Paris, 1928. Le gros ouvrage de M. Henri Focillon est un tour de force. Seul un professeur d’université pouvait assumer la tâche écrasante de faire tenir en un volume l’histoire de l’art mondial de 1848 à nos jours, sans en omettre les manifestations les plus académiques aussi bien que les courants les plus révolutionnaires. L’auteur se garde bien d’accorder une importance égale aux unes et aux autres ; mais il se doit, en historien scrupuleux, de ne Pas éliminer ce qu’un critique passionné rejetterait à sa place. N’empêche que ce livre marque un progrès notable dans la science de l’art moderne, telle que la professent les universitaires. M. Focillon débute Par le Réalisme à travers l’Europe en commençant Par la France. Il met en relief le génie de Courbet, de Millet et de Daumier. Il a, pour définir ces grands peintres, des formules heureuses. « Deux grands paysans, écrit-il à propos de Courbet et de Millet, apparaissent dans l’histoire de la peinture française, et leur rusticité la renouvelle. » Les petits maîtres comme Bonbonzmé, Jeanron, Cals ne sont Pas oubliés ; niais en revanche un Decamps est loin d’occuper la place qu’il mérite. L’auteur en fait un « homme de ragoût et de métier n. Decamps fut abhorré, il est vrai, de Théophile Silvestre ; mais son importance grandit aujourd’hui. De jeunes critiques, tels que M. Pierre du Colombier, lui consacrent de fortes études, et la Peinture d’un Segonzac qui renouvelle aussi la rusticité et les empâte-ments, lui donne un regain d’actualité. M. Focillon a tort, nie semble-t-il, de rattacher Jong-kind à l’Ecole de La Haye (les frères Maris, Mauve, Israns). Ce maître, qui vécut el mourut en France, devrait figurer logiquement, à titre de Précurseur, dans le chapitre de l’Impressionnisme. Quatre pages d’une éloquente Précision prouvt nt d’ailleurs que l’auteur ne méconnaît pas le rôle du grand Paysagiste. l’ne juste remarque : « Cet héritier des luministes (Van Goyen, Van de Velde, Backhuvzen) est un coloriste moderne, et son œil, d’une admirable finesse, discerne pour la pre-mière fois, dans la dissociation du métier et du ton, la loi de la vibration atmosphérique et de la vibration colorée qui, sur un mode Plus ardent, va dominer le Paysage impressionniste. » Virtuoses, pasticheurs et maîtres authentiques, français et étrangers, sont tous Passés en revue : Pour la Belgique, Braekeleer, Stevens ; POU?’ l’Allemagne, Menzel, Leibl ; Pour la Hongrie, un bon Paysagiste de l’Ecole de Bar-bizon, Ladislas de Pal. En France : les peintres du Second Empire, entre autres Monticelli et Ricard ; les Paysagistes de transition entre le Romantisme et l’Impres-sionnisme, comme Chintreuil, Lépine, Boudin ; l’Ecole lyonnaise avec Ravier, Carrand, Vernay. En Angle-terre : les préraphaélites. M. Focillon range les étran-gers qui se sont formés en France, comme Whistler, Parmi les « artistes nomades ». L’information n’est pas moins satisfaisante dans la seconde Partie de l’ouvrage. D’un côté : Manet, Degas, Lautrec, toute l’Ecole impressionniste avec Renoir, Bazille, Claude Monet, Sisley, Pissarro, les néo-impres-sionnistes Seurat, Signac, Cros. De l’autre côté : Bonnat, Carolus Duran, Bastien Lepage, Besnard, Henri Martin et autres virtuoses officiels ou serai-officiels. Puvis de Chavannes et le « nouvel humanisme n, Eugène Carrière, — Aman Jean, Jacques Blanche, Cottet, etc., forment des chapitres à Part. M. Focillon est, en général, un esprit très averti. Ses goûts, on les devine aisément. Mais il a encore la superstition de la virtuosité. En voici un exemple : « Ce que représente l’art de Jacques Blanche dans l’histoire de la culture française compte au même titre que son rôle d’artiste, et c’est une heure rare de la vie de Paris, un éclectisme de qualité Précieuse. » La troisième partie comprend Cézanne, Van Gogh, Gauguin et les symbolistes Bonnard, Vuillard, Roussel, Matisse, Marquet, Segonzac, et même Picasso, Utrillo et le douanier Rousseau. L’objectivité et la bonne volonté de l’auteur sont admirables. Mais elles se heurtent à des difficultés d’information fatales lorsqu’il s’agit de l’actua-lité artistique. L’historien a besoin d’un certain recul dans le temps Pour démêler ce qui est authentique et pour établir une juste hiérarchie des valeurs. Néanmoins, un ouvrage d’une telle Portée didactique se recommande de lui-même ; et ses éditions ultérieures ne manqueront Pas sans doute de redresser certaines erreurs du jour dont celle-ci ne Pouvait se départir. ADOLPHE BASLER. ARSENE ALEXANDRE. — Daumier. — 1 volume illustré de soixante planches hors-texte en héliogravure. Col-lection : Les Maîtres de l’Art Moderne. Paris, Rieder, éditeur. Comme l’a si bien dit M. François Fosca, « Daumier n’a Pas encore ici. place qui lui est due. On s’obstine à le considérer comme un caricaturiste dont les tentatives