76 L’AMOUR DE L’ART ronnier Subes a exécuté la grille d’entrée, et tous deux ont parfaitement servi les intentions de l’architecte. A l’intérieur, les verrières de Men’ Hure mériteraient à elles seules une étude spéciale. Là aussi la plus hardie nou-veauté s’appuie sur une connaissance profonde des an-ciens vitraux et ces verrières comptent parmi les plus belles de notre temps. Destinée à témoigner de l’amitié franco-belge affermie sur les champs de bataille de la dernière guerre et dédire é Sainte-Thérèse de l’Enfant-.Fesus, cette chirbetle m(;tite une visite de tous les tou-ristes qui circulent si nombreux entre Paris et Mantes. Elle nous console des horreurs que certains architectes nous élèvent à Paris, véritables défis à. la fois au bon sens et au goût. Le groupe Dunand, Goulden, Jouve, Schmied. — Les céramiques de Robert Lallemant. — L’atelier Brindeau de Jarny. — L’atelier Athélia. — L’Eclectique. — A la Galerie Hébrard. — Galerie Drouant. — L’atelier Lachenal. — Galerie E.D.M. — Faïences peintes de Mlle Paulette Niclausse. Orfèvres, bijoutiers, grands magasins, ont toujours soigné en ce moment de l’année, leurs étalages. Ils ne Prétendaient cependant Pas, comme aujourd’hui n’im-porte quelle boutique, organiser des « expositions d’art ». Il y a mieux. Certaines sociétés d’artistes n’hésitent Plus à faire figurer sur les invitations qu’elles nous adressent, la mention : Objets d’art Pour cadeaux d’étrennes. On ne sait Plus où finit le commerce et où commence l’art ; l’art est Partout. Ce serait Parfait si l’usage que l’on fait de ce mot correspondait toujours à la réalité. Il est manifeste que l’on en abuse. Mettons à part quelques manifestations telles que celle du groupe Dunand, Goulden, Jouve et Schmied à la Galerie Petit. Elle est d’une Parfaite tenue. A eux quatre, ces artistes Parcourent un immense domaine, Puisque Dunand est à la fois sculpteur, orfèvre et laqueur, Jean Goulden Peintre, décorateur et émailleur, Jouve peintre et sculpteur animalier, F.-L. Sclzmied Peintre, graveur et imprimeur. L’éloge n’est Plus à faire de leur talent. J’aime moins toutefois, les Portraits en laque de Dunand, troP réalistes pour la splendeur de la matière dans laquelle ils sont traités, que les décors qu’il dessine sur Panneaux ou paravents, lorsqu’il reprend et moder-nise la tradition japonaise. Sa virtuosité de laqueur est sans égale. Jean Goulden Progresse chaque année. Ses derniers ouvrages sont d’une sobriété toujours Plus grande et d’un goût Plus sûr. Paul Jouve, que je n’ai Pas à apprécier ici comme Peintre ou ‘sculpteur, prête son talent à Schmied Pour l’illustration d’une Passion au désert de Balzac, de m’axe que Cretté exécute les reliures dont Schmied fournit les Projets et Dunand les laques. De telles collaborations entre de tels artistes aboutissent à de pures merveilles. A la Galerie Bernheim, le céramiste Lallemant associé aux sculpteurs J.-J. Martel et Hubert Yencesse, à. l’or-fèvre Jean Fouquet, aux menbliers Djo Bourgeois, Pierre Barbe et René Herbst, constitue un groupement d’artistes décorateurs des Plus intéressants. Je ne reprocherai à Lallemant que la Présentation défectueuse de ses céra-miques. Posées à terre, méme sur les beaux tapis édités Par DLVI, elles ne Paraissent pas à leur avantage dans la Perspective plongeante où nous sommes obligé de les considérer. Les appareils d’éclairage imaginés -Par Lalle-niant, décorés de Peintures claires sur fonds ivoirins, méritent une mention Particulière. Les sujets à Person-nages représentent aussi bien des scènes de sport moderne que des évocations de costumes et des scènes de moeurs datant du siècle dernier, dont l’archaïsme, très à la mode, a un accent savoureux. Brindeau de Jarny nous a soumis, dans son atelier du boulevard de Clichy, ses récents travaux. Les qualités qui caraçtérisent l’art de Brindeau de Jarny deviennent de PluS en plus rares aujourd’hui. C’est un art de Parfait technicien et de Pur artisan. Pas un objet sortant de ses mains qui n’ait été conçu en Partant des Possibilités de la matière qu’il oeuvre directement, cuivre, fer ou argent. La forme définitive est toujours Pour lui l’épanouisse-ment naturel du travail que subit la matière et jamais une adaptation à celle matière d’un Projet imaginé Par un dessinateur et cherché d’abord sur le Papier. La variété des effets qu’obtient Brindeau de Jarny Par celte méthode, est surprenante. Il revendique avec fierté, et avec raison, non Pas le titre de ferronnier, mais celui de s cuivrier » et il est des premiers qui aient ainsi travaillé au marteau le cuivre, Pour l’associer au fer en des Pièces d’une belle fermeté décorative. Ses dernières recherches ont Porté sur des objets divers, plats, cen-driers, boites, dans lesquels il associe le cuivre et l’acier, Puis il champlève à l’eau-forte ses motifs de décor qui consistent uniquement en une suite de taches disposées avec la Plus grande fantaisie. Il les « amène » en dernier lieu Par le travail du marteau. Quand il le juge utile, il ajoute au cuivre et à l’acier des Points d’argent et il use avec une habileté rare de ces trois métaux étroite-ment fusionnés par le martelage. Quelques essais de Parer d’une couverte d’émail le métal ainsi vivifié, sont des Plus heureux et méritent d’être continués. Enfin, en collaboration avec M. Le Moult, entomologiste, Brindeau a créé des coupes ou Plats de cuivre dans lesquels Le Moult encastre d’une façon imprévue la féerie incompa-rable d’ailes de Papillons exotiques, retenues Prisonnières dans le métal. Leur éclat, surtout dans les bleus, rivalise avec celui des Plus magnifiques émaux. L’atelier ;Main, dont nous avons Parlé déjà lors de sa rfondation Par les Trois Quartiers, a organisé sa pre-mière exposition d’ensembles comprenant une suite de Pièces : cabinet de travail d’un homme d’affaires, bar-bibliothèque, living-room, chambre à coucher et chambre d’enfant. Les formules à la mode de notre art moderne y sont exploitées avec la même intelligence, le même sens de l’actualité dont témoigne la nouvelle façade du boulevard de la Madeleine exécutée Par l’architecte Faure Dujarric. C’est au cabinet de travail d’un homme d’affaires que je donnerais la Préférence entre ces divers ensembles. Il me Paraît marquer le mieux la tendance générale qui sentble être jusqu’ici celle des ateliers Athélia. Nous avons constaté au dernier Salon d’automne que notre art moderne, comme notre franc, en est arrivé actuellement à une Période de stabilisation qui était bien nécessaire. On Peut espérer désormais qu’il ne se bornera plus à satisfaire quelques Privilégiés de la for-tune et nous appelons de tous nos voeux sa Plus grande diffusion Possible à laquelle les grands magasins Peuvent efficacement contribuer. A l’Ecleclique on trouve, comme tous les ans, d’agréables bibelots Pour étrennes d’art. Il faut mettre à Part dans ce groupe dont le nom dit tout le programme, des artistes comme Bablet, dont le sûr métier sait résister, dans ses bijoux, à la mode cubiste, les ferronniers Edgar Brandt et Raymond Subes qui expose un beau devant de feu, da Silva Bruhns avec ses tapis au Point noué, Maurice Daurat et ses étains, Mlle de Délice et Mlle Louise-Denise Germain, dont les reliures ne sont pas loin d’atteindre la Perfection même, dans la sobriété avec laquelle le décor souligne la beauté de la matière, Mine Malo-Renault et ses broderies sur cuir blanc, Georges Ramant et ses bibelots en matières Précieuses, bonbon-nières, glaces ou coffrets en ébène, amboine, ivoire, Palissandre et nacre, enfin le meublier Jules Leleu. La Galerie Hébrard a réuni un ensemble important de sculptures dont nous n’avons Pas à Parler et d’objets d’art d’une rare qualité, exécutés Par des artistes morts ou vivants. A côté des faïences de Métthey, des délicates Pâtes de verre de Cross, on retrouve avec Plaisir sous vitrines les oeuvres les meilleures de Jean Serrière et de FIND ART DOC