L’AMOUR DE L’ART )czy s. – pittoresque élégant. Del Neri est habile, trop habile même, et son pittoresque est parfois banal. Adolfo de Carolis, décédé récemment et dont on a pieusement rassemblé l’essentiel de l’oeuvre, bel illustrateur de d’Annunzio, de Pascoli, a subi un peu trop fortement l’influence des Burne-Jones et Walter Crane. Il lui reste le mérite d’avoir remis en honneur en Italie la gravure sur bois, délaissée pour l’eau-forte et le burin. Mais l’apport de l’Italie est trop restreint pour porter sur la gravure sur bois italienne un juge-ment d’ensemble. A ne tenir compte que des graveurs représentés ici, le cubisme auraitglissé sur les artistes d’Italie sans laisser sur eux aucune trace, ce qui n’est pas absolument exact. L’Espagne n’a pu qu’envoyer quelques oeuvres de Ricart et Canyellas. Regrettons de ne pouvoir mieux la juger. Si le cubisme n’a pas exercé sur tous les pays une égale influence, il a marqué profondément de son em-preinte les graveurs russes, comme aussi les graveurs polonais et, d’une manière générale, les nations slaves. Cette influence est balancée heureusement chez elles par la longue et toujours vivante tradition découlant de l’imagerie populaire. La nocivité du cubisme en a été atténuée dans une certaine mesure. Les Russes sont surtout de charmants illustrateurs et vignettistes, tels Favorsky, qui ne résiste pas assez au besoin d’exalter la Révolution dans un style par trop primaire, et qui illustre Mérimée d’une manière fort savoureuse. Tcherkessof, verveux illustrateur d’Edgar Poë et de la Légende de la Steppe et de la Mon-tagne, Kravtchenko, un bel artiste, très doué et l’un de ceux qui combine avec le plus d’habileté l’art popu-laire avec le cubisme, Pavlinoff, qui a un sens profond de la gravure typographique, Mitrokhine, dont les simplifications sont expressives. Les Polonais, plus encore que les Russes, restent fidèles à leur art populaire, et l’influence sur eux des anciens bois retrouvés par M. Lazarski, fut considé-rable. Ils en rajeunissent la tradition par le modernisme le plus audacieux et cette alliance savoureuse corres-pond parfaitement à leur tempérament national aussi attaché au culte du passé qu’épris de nouveauté. Skoczylas, Bartloniiejczki et Mme Konarska tradui-sent cette double tendance. La puissance du premier, sobre, concentrée, est manifeste dans sa Tête de berger, tandis que Mme Konarska interprète la légende de Sainte-Geneviève, de Saint-Isidore ou de Saint-Joseph dans un style naïf d’imagerie relevé d’une habileté toute japonaise. Cieslewski ne redoute pas plus le fantastique que Mme Krasnodebska. Elle se risque à illustrer l’Apocalypse, dans une note volontairement archaïque, Mrozewski, hanté par l’expressionnisme, introduit dans ses compositions, sans les fondre tou-jours très harmonieusement, des éléments réalistes. SKOCZYLAS. – PIETA.