6o L’AMOUR DE L’ART PECHSTEIN. – JEUNE FILLE MALADE. n’empêchant ni la fantaisie, ni l’humour et la gar-dant presque toujours de toute faute de goût. Elle professe le respect constant du beau métier. Son mo-dernisme ne vise pas à bouleverser les traditions, mais à les rajeunir. Il y a plus d’audace chez les artistes allemands, un singulier débordement de vie, des outrances cons-tantes, une montée de sève, une exubérance qui se moquent des règles du jeu, un mépris trop grand aussi du métier qui se venge d’être ainsi dédaigné. N’est-il pas curieux de constater que leur pays, riche d’un si admirable passé, où la gravure sur bois a compté tant de chefs-d’oeuvre, est celui qui paraît se soucier le moins aujourd’hui de continuer de si magnifiques tra-ditions ? Les théories esthétiques, d’autre part, ont joué en Allemagne un rôle néfaste. Elles ont conduit les artistes à forcer leur propre tempérament et leurs effets ; elles leur ont fait oublier toute mesure. Enfin beaucoup de graveurs ne cherchent pas tant à se donner une discipline qu’à s’exprimer tout entiers restlos « , comme ils disent ; ils dédaignent le choix qu’on attendait d’eux. L’excellent et le pire se trouvent de la sorte voisiner souvent dans leurs oeuvres. C’est l’impression que nous donnent, malgré leurs qualités réelles, un Max Beckmann qui a le goût et le sens de la •gravure, un Gerhard Marcas, un Christoph Voll, un Erich Heckel. Il faut mettre à part Félixmuller, un dês mieux doués, dont les portraits grandeur nature atteignent, à une singulière puissance de caractère, ceux de Max Liebermann et de Louis Corinth, par exemple. La hantise de voir grand qui anime Fax-muller comme Beckmann ou Bechstein et les conduit a’ des planches plus décoratives encore qu’expressives, malgré le souci d’expressicn qui les tem mente, pousse aussi Kirchmer à graver au canif sur Lois de fil des planches où il se contente d’un vague dégrossissement des formes. C’est revenir à des balbutiements. Max Unhold est un des rares graveurs, parmi les exposants du Pavillon de Marsan, qui sacrifie encore en Alle-magne au réalisme que tous ses compatriotes répudient énergiquement, pour lui préférer de s formules dé, k ées de l’expressionnisme ou du surréalisme. Campendonk et surtout Max Pechstein sont parmi les plus repré-sentatifs et les plus intransigeants de ceux qui se réclament de ces tendances. Enfin Ernst Barlach demande au bois d’interpréter des symboles (ilion). Imperator), des visions surhumaines, et il ne manque pas de tempérament dans ses illustrations pour la Nuit de IF-alpurgis ou dans son Prophète écrivant, dans son Prof/hèle à la Montagne. L’Italie forme avec l’Allemagne le plus violent con-traste. L’habileté de ses graveurs est indéniable et elle aussi s’efforce fréquemment d’atteindre au grand style, mais par des procédés tout différents et plus classiques, par l’élimination du détail inutile. Elle sait l’art des sacrifices et le pratique jusqu’à vider certaines oeuvres de toute substance, jusqu’à jouer avec de belles formes qui recouvrent le néant. Dans ce sens elle est capable, elle aussi, de forcer son talent. Dario Neri, comme Moroni, comme Giulo Cesari, qui a le culte de la ligne pure, sont de ces virtuoses de la forme. Giorgio Piamigiani ne se préoccupe que d’un FELIXMUI I – PORTRAIT DE MAX LIEBERMANN. FIND ART DOC