58 L’AMOUR DE L’ART compte à ce luxe, qui n’est pas même ruineux comme l’était celui des particuliers, et qui s’adresse l’un des plus sûrs appétits de l’homme éternel. Nous ne repro-chons pas à ces théoriciens d’être fiers de leur siècle : le sentiment con-traire, qui paraly-se, n’a été que trop • répandu depuis cent ans. Nous serions bien fâchés aussi que l’on nous comptât parmi leurs adversaires. Nul n’a plus re-gretté que nous que le projet de M. Le Corbusier, pour la Société des Na-tions, ait été sacri-fié à l’insipide pro-jet officiel. Et, cha-que fois que nous parlons de cet architecte, nous prenons mille précautions pour ne point donner d’ar-mes à ses ennemis. Mais on peut raisonner mal et construire bien. Au xvu’ siècle, dans la querelle des Anciens et des Modernes, les Modernes avaient pro-MALLET-STEVENS. – MAISON DE LA RUE MALLET-STEVENS. bablement raison. N’empêche que les Anciens avaient pour eux les hom-mes de génie. Néan-moins, mal raison-ner n’est pas abso-lument sans danger, sinon pour le créa-teur lui-même, au moins pour la foule qui l’admire. Ces théories élémentai-res tendent à jeter le discrédit sur tout effort moins tapa-geur qui leur reste étranger. C’est pourquoi il est bon de temps à autre; de rappeler, comme l’avait déjà fait ici même M. Marcel Mayer, les assembleurs de nuées à la sagesse. et de souligner que leurs productions ressortissent, plus peut-être que toutes autres, à une esthétique particu-lière, non pas à de pures nécessités constructives. Ils font de l’architecture sans le vouloir, bonne ou mau-vaise, mais ils en font. PIERRE DU COLOM Itl KIt. AUGUSTE PERRET SUR LA TERRASSE DE SA MAISON, RUE FRANKLIN, 26, FIND ART DOC