M. Le Corbusier ne nous donnera pas en exemple une peigneuse de filature, une ma-chine à capsuler les boîtes de con-serve, ou encore une de ces dra-gues, pourtant merve illeu serrent adaptées à leur but, que les marins appellent  » Marie Salope ». Il choisit le paquebot, l’au-tomobile. Je ne suis pas marin, mais comment invoquer la seule technique à propos de cette boîte (la machine est à l’intérieur), qu’est une carrosserie automobile ? Que signifie le formidable capot, qui logerait deux ou trois fois le moteur qu’il contient ? Et ces formes fuyantes, souvent adoptées aux dépens de la commodité des occupants ? Je vais vous le dire : le dessinateur a imité des formes qui seraient rationnelles pour des voitures de course. Mais alors c’est pur mensonge, pur esthétisme pour l’humble dix chevaux, qui fait péniblement ses soixante-quinze. Nous avons vu une voiture, l’ancienne Ford, dont l’aspect convenait par-faitement à son usage et à sa vitesse, perdre sa clientèle parce qu’on la jugeait trop laide. Nous avons vu la plus grande marque française  » sortir » en 1927 des carrosseries, dont l’arrière était à angle droit, et ne les bien vendre qu’une fois cet arrière arrondi. Dieu sait si, technique-ment parlant, cette mo-dification était indiffé-rente ! Serrez d’un peu près ces grandes conceptions constructives des archi-tectes nouveaux. La pa-roi verticale, sans modu-lation, ni ressauts ? Quel aspect aura-t-elle dans dix ans, avec nos L’AMOUR DE L’ART 4 „idiammer amirmi/ LE CORBUSIER. – curù 11E PESSAC. LES  » GRATTE-CIEI, « , pluies et nos La modulation nait un jeu de fumées ? lui don-lumières et d’ombres à peu près inaltérable et capable de, l’emporter sur la saleté, sur les traînées noirâtres. Et croyez-vous 57 que dans nos cli-mats il soif vrai-ment pratique (le laisser une baie verticale sans la surmonterd’aucun larmier ? Je vous conseille d’ouvrir votre fenêtre, quand il pleuvra. Cependant, di-rez-vous, j’aime ces plans nus qui simplifient, puri-fient les volumes. Moi, de même. Et je les aime tant que je suis disposé à leur sacrifier quelque chose. Mais je ne veux pas qu’un constructeur m’en imposé en m’affirmant qu’ils sont inéluctables. Il existe un certain mysticisme du siècle, qui, philo-sophiquement, dénote une vue par trop sommaire. Parce que les conditions matérielles de notre exis-tance ont plus changé de 1830 à 1930, que, peut-être, de l’époque romaine à 1830, on décrète que nous sommes foncièrement différents de ceux qui nous ont précédés. Mon Dieu, nous avons l’eau courante, une salle de bains, l’électricité, mais on n’a réussi encore à rien changer à notre naissance et à notre mort. On a si peu changé à notre vie, à nos besoins intellectuels et sentimentaux ! Pour déclarer souverainement, comme M. Giedion, que désor-mais aucun bâtiment conçu avec luxe et avec des moyens illimités, ne saurait prendre une im-portance quelconque dans l’histoire de l’ar-chitecture, il faut croire à une humanité schéma-tique, et que rien n’an-nonce. Car, en admet-tant même que le luxe individuel puisse dispa-raître, nous voyons croî-tre chaque jour, avec la production et, par suite, la concurrence indus-trielle, le luxe collectif des magasins, des hôtels, PERRET. – BUREAU DANS UNE VILLA A VERSAILLES. Et l’industrie trouve son 3 FIND ART, DOC