54 L’AMOUR DE L’ART BOILEAU ET EIFFEL. – LE BON MARCHÉ, 1876. pour assimiler fer et béton armé. Néanmoins tout son livre tend à donner au lecteur l’impression d’une ana-logie profonde entre ces matériaux, d’une évolution quasi logique, qui, après s’être appliquée au métal, a sauté au béton armé dès sa découverte, pour se poursuivre principalement avec cette seconde matière. Or, rien ne paraît plus arbitraire que cette théorie, forgée après coup pour rendre compte de la réalité. Le fer a des propriétés fondamentalement opposées à celles de la pierre, et dont les conséquences n’ont été mises à profit que peu à peu pour la construction. Sa résistance à la traction conduit à des combinaisons que la pierre, qui ne résiste bien qu’à la compression, ne faisait pas soupçonner. Sa dilatabilité contraint à l’articulation, quand la rigidité paraissait le propre de toute construction. L’articulation à son tour est parente de la démontabilité et par suite de la prépa-ration en usine de tous les éléments. Mais le fer s’est révélé comme d’une utilisation bornée. Si l’on considère les espérances qu’il a fait naître on peut presque dire qu’il a fait faillite. Car il ne donne qu’un squelette, une claire-voie, alors que la clôture d’un espace reste tout de même l’objet principal de la construction. Entre les éléments de la claire-voie il a fallu un remplissage, et le seul remplissage dont la combinaison avec le fer se soit montrée satisfaisante est le verre. Que flous ayons aujourd’hui une bibliothèque à cons-truire en fer, nous ne serions pas plus avancés que • Labrouste. Notre charpente en fer serait plus légère, chaque pièce en aurait une forme plus rationnelle, mais enfin nous serions bien obligés de l’entourer d’une chemise ou de pierre, ou de béton, ou de brique, dont la jonction avec la charpente serait plus ou moins artificielle. En face, le béton armé s’atteste si différent qu’on peut se demander s’il ne se rapproche pas beaucoup de la pierre, dont il a, ce qui n’est pas négligeable, à peu près l’aspect extérieur. Avec le béton disparais-sent les propriétés essentielles de dilatabilité et de résistance à la traction. Il agit comme monolithe, et une construction monolithe est le contraire d’une constrution articulée et démontable. Le genre d’in-dustrialisation dont il est susceptible s’oppose à celle du fer. Il semble, en effet, qu’il doive se développer de plus en plus dans le sens de la confection sur place. La préparation à l’usine jouera un rôle d’autant moin-dre que le développement du canon à ciment permet-tra à la fois de se dispenser du transport des plaques confectionnées et de réduire la sujétion des moules. Ne soyons donc pas surpris qu’historiquement la construction en béton armé ne doive pas grand chose à la construction en fer. A tort ou à raison c’est à l’architecture de pierre qu’elle se rattache. Les ancêtres ne sont ni les Labrouste, ni les Baudot, ni les Eiffel, ni les Cottancin, mais bien les Berlage, les Van de Velde, les Behrens, les Hoffmann. C’est FIND ART DOC