chaque homme retire d’un objet ,sorti tout entier de sa main. L’homme du peuple civilisé en est même arrivé à ne plus ai-mer, à ne plus com-prendre les œuvres de ses parents ou de ses grands- parents, il en a presque honte ; il n’y a plus actuelle-ment que l’extrême civilisation pour se tourner vers les arts primitifs. Cependant, je ne crois pas que le peuple ait à tout ja-mais perdu son goût, il est seulement per-verti par les objets que l’industrie lui met, presque de force, entre les mains. Un réveil est-il p o s-sible? Je citerai un exemple. Miss Elsie Loudon, ayant remar-qué la vulgarité et l’absence de tout carac-tère original des dessins exécutés d’après des modèles de « goût européen », par les enfants indiens du Nouveau Mexique (Pueblos), dans les écoles américaines, leur donna des couleurs et du papier; leur recom-mandant simplement de se laisser guider par leur tête, leur coeur et leur instinct uni-quement. Miss E. Loudon a procédé ensuite de la même façon pour des artisans adultes, en mettant sous leurs yeux les modèles oubliés. Les résultats obtenus, nous l’avons constaté à Prague, ont été plus que surpre-nants. Or, au moment où Miss Loudon est intervenue, les traditions de ces Indiens étaient perdues, néanmoins elle a réellement pu provoquer une résurrection puissante d’un art profondément original. Un retard de la poste m’empêche malheureusement de publier ici, pour faire la preuve, quelques L’AMOUR DE L’ART 11111 11r1 lin 11I 11 „m iii mak / IMAGE POUR LA SEMAINE SAINTE. Trouvée à Majorque, mais Jan.) doute catalane. XIX’ siècle. Mariano Angreu). 45 dessins de ces In-diens. Ils paraîtront un peu plus tard, je l’espère. On objectera que l’exemple est bien mal choisi, puisqu’il s’agit d’un peuple primitif. Ici je vou-drais pouvoir citer tout entière la com-munication du D’ G.-H. Luquet sur « l’Art Primitif ». Elle tient en deux pages, mais d’une densité telle, qu’il est impos-sible d’en détacher une phrase sans al-térer la pensée de l’auteur. Après cette réserve, je citerai une des conclusions de ce dernier : « l’art primitif est la forme d’art qui a précédé les autres dans le temps, ou, en d’autres termes, l’enfance de l’art. Ni l’ethnographie, ni l’histoire et même la préhistoire de l’art, ne peu-vent nous mettre en présence de cet art primitif. Mais il n’en est pas de même de l’art enfantin… L’hérédité, l’exemple, l’enseignement paraissent sans influence sur l’apparition et la nature originelle du dessin. Pour n’importe lequel de nos enfants, les expressions art de l’enfance ou enfance de l’art sont rigoureusement synonymes. Il est donc légitime d’appeler enfance de l’art dans l’humanité ou art primitif la forme d’art qui, par opposi-tion à ce qu’on pourrait appeler l’art classique, présente les mêmes caractères que le dessin enfantin. L’art primitif (en restreignant le sens du mot art à l’art figuré graphique et plastique), deviendra un genre dont les deux grandes espèces seront, d’une part, les dessins de nos enfants, de FIND ART DOC