maîtrise et le talent ont dépassé les premiers caps des es-sais et des doutes, s’apprêtera bientôt à s’attaquer à quel-que « grande composition ». (Galerie Vignon.) Les oeuvres de M. Charles Hug sont gracieusement cézaniennes. (Galerie des Quatre Chemins.) Une belle exposition de dessins et lithographies de Matisse s’ouvre aux Quatre Chemins on y admire des portraits de jeunes Orientales et Européennes dans maintes attitudes de repos propices aux longues méditations. Les aquarelles de Friesz sont « enlevées » nerveuse-ment, l’harmonie des couleurs y tempère la vigueur du dessin. Ses peintures récentes sont plus denses et savou-reuses. Friesz compose un paysage comme un portrait, il établit « l’armature » du motif à l’aide de quelques lignes de niveau fondamentales, rides des terrains, courbures des vallons, sinuosités aux lointains ; ainsi s’imposent et se complètent en chaque toile de Friesz les qualités du peintre et du psychologue. (Galerie Bernier.) MARCEL ZAHAR. LETTRE DES ÉTATS-UNIS par A. E. GALLATIN (Fondateur de la Gallery of Living Art, New-York University) La peinture américaine manque de tradition locale. Aux temps anciens un mouvement artistique existait au Pérou et au Mexique, mais dans le Nord Indien de l’Amé-rique le sens de l’art ne se développe jamais jusqu’à un degré très élevé. Les colons anglais nourrissaient une haine profonde pour les beaux-arts, tandis que les colons français, au contraire, appréciaient beaucoup une vie plus raffinée, et il y avait parmi eux nombre de gens très cultivés. A l’époque coloniale les peintres américains étaient entiè-rement dominés par la tradition anglaise ; de nos jours c’est l’école française qui exerce sur nos artistes une influence considérable. John Copley, né à Boston, fut le premier peintre de valeur aux Êtats-Unis. Les portraits qu’il peignit avant son établissement en Angleterre possèdent un certain parfum américain, que nous chercherions en vain chez Gilbert Stuart. Beaucoup plus tard vint Whistler, le seul Américain représenté au Louvre et à la Galerie Nationale de Londres : son art distingué s’inscrit dans la tradition, mais on ne saurait considérer ce maître comme un Amé-ricain parfait, puisqu’il vivait en Europe et puisait son inspiration dans l’art des pays étrangers. La même re-marque concerne Mary Cassatt, douée d’un grand talent. Winslow Homer, le grand peintre de la mer, Thomas Eakins, beaucoup plus doué dans l’art du portrait que John Sargent (qui cependant est beaucoup plus connu), Albert Ryder, un poète plein d’imagination — tous ces artistes occupent des places importantes dans l’histoire de la peinture américaine. 22 Parmi les peintres américains vivants et qui résident actuellement en Amérique, les plus remarquables à mon avis sont John Marin, Charles Sheeler et Charles Demuth. Marin est un peintre inspiré et plein de talent ; ses pay-sages et ses marines — toujours des aquarelles —sont d’une grande fraîcheur et rendent la couleur locale de l’endroit dépeint. Ses tableaux sont admirablement ordonnés ; leur coloris est aussi beau que celui des pein-tures chinoises. Les dessins et les lithographies de Charles Sheeler, d’une sécheresse vraiment puritaine, rendent un son réellement américain, tandis que ses photographies des buildings et des usines se présen-tent comme de vrais chefs-d’oeuvre. Demuth possède un style personnel qui s’est développé sous l’influence de Cézanne et du cubisme ; il emploie des lignes expressives, utilise avec beaucoup de compréhension la couleur qui joue un rôle important dans la composition de ses dessins. Il démontre une réelle maîtrise dans l’art de l’aquarelle et possède la technique de la tempera. Parmi les Amé-ricains qui préfèrent vivre à Paris se distinguent surtout Walter Gay et Man Ray. L’école new-yorkaise est aussi cosmopolite que celle de Paris. Parmi les peintres étrangers de New-York signa-lons les Russes Alexandre Brook et Morris Kantor, l’Italien Joseph Stella, le Suisse Joseph Pollet et le Japo-nais lasno Kuniyoshi. Cet apport du sang étranger, ce mélange de différentes cultures sont très utiles à l’art américain. Il est certain que les étrangers profitent en quelque sens de l’Amérique, puisqu’on a jugé nécessaire d’établir des quota pour l’immigration, mais, d’autre part, FIND ART DOC