cularités de lieu et de personne ; nous savons, en outre, avec quelle rapidité ce mouvement s’était répandu à tra-vers toute l’Europe ; il nous est par conséquent facile de ne pas participer aux enthousiasmes pour les œuvres es-pagnoles qui ne représentent que des répétitions de nos originaux — c’est le cas de Herrera l’Ancien, de Rodas et de Ribalta — ou qui sont conçues dans la phraséologie générique d’un baroque international — c’est le cas du trop vanté Valdès Leal, de Herrera le Jeune, d’Escalante, d’Antolinez, de Claudio Coello et de Carretio — ou qui s’avèrent comme des doubles de nos naturalistes secondaires — et c’est le cas de Juan Rizi, de Castille, de Collantes, etc. ; leurs pareils en Italie et en Flandre se comptent par douzaines. Tous ces noms ont été entraînés par la vague d’admiration qui n’est due qu’aux maîtres; c’est pour eux que nous réservons la nôtre. Greco, par exemple, est représenté à l’Exposition d’art espagnol par un groupe de tableaux, depuis ses premiers travaux exécutés en Italie, jusqu’aux plus s folles s visions de ses dernières années de Tolède. Ribera apparaît pro-fondément espagnol dans le mémorable portrait d’un Chevalier de Santiago. Velasquez, dans les tableaux qui jusqu’à présent nous étaient inconnus, porte un témoi-gnage irréfutable de sa dévotion pour la culture picturale que l’Italie lui a transmise. Zurbaran est représenté par les tableaux choisis avec un goût essentiellement italien parmi ceux où le contraste, si fréquemment âpre, entre sa conception et sa forme, se résout dans un équilibre par-fait ; Murillo nous offre dans ses trois tableaux ses para-boles sentimentales si caractéristiques pour l’esprit ca-tholique de son temps : enfin une série d’oeuvres de Goya, dans lesquelles vibrent toutes les cordes de son génie, sauf peut-être celles de l’horreur et du sarcasme ; nous admirons ses tableaux populaires et improvisés, ses par-traits, où se reflète en caractères indélébiles toute la di-versité humaine, enfin ses compositions, si singulières sur les dogmes de la religion. Un des traits saillants de la présente exposition consiste par conséquent dans la re-cherche de représenter ces grands maîtres dans toute leur évidence complexe, d’en révéler quelques aspects moins connus, par lesquels leurs affinités avec notre pein-ture se manifestent le plus clairement. Même ces oeuvres secondaires, confrontées avec les tableaux des maîtres, prennent un aspect inattendu. La série de dessins de Car-ducho introduit comme une « ouverture s discursive, de nombreux thèmes qui inspireront éternellement la pein-ture espagnole ultérieure : des extases et des martyrs, des miracles pleins de terreur et de douceur : Orrente touche la note mystique et paysanne, la nature morte de Menendez, les croquis de Bayeu et ceux de Lucas nous amèneront au milieu du taxe siècle en témoignant d’une tradition saine et continue qui se prolonge à travers toutes les modes dix-huitième, néo-classiques et romantiques. DU DROIT AU RESPECT par JULES DESTRÉE Le tribunal de Louvain, dans un jugement récent, vient de faire une intéressante application du droit de l’auteur d’une oeuvre d’art, en ce qui concerne ce qu’on a appelé le droit moral, qui devrait s’appeler plus exacte-ment droit au respect ou à l’intégrité de l’oeuvre d’art. Lorsqu’un artiste vend son oeuvre, il vend, cède et transfère la propriété non seulement de l’objet matériel, tableau, marbre, manuscrit dans lequel est incorporée l’oeuvre d’art, mais vend-il aussi quelque chose de plus, un peu de son âme, de sa personnalité, de sa réputation. Le paiement d’une somme d’argent peut représenter la contre-valeur de l’objet, mais non l’honneur qui est inéva-luable en espèces, qui est inaliénable. Il s’en suit que l’ache-teur, s’il peut disposer de la chose pour la placer comme il l’entend dans son habitation, pour la donner ou la 18 vendre, ne peut faire ces actes de propriété qu’en respec-tant le caractère et l’intégrité de l’oeuvre, qu’en évitant de nuire à la réputation de l’artiste, celle-ci n’ayant pas fait partie de son achat. Ainsi, malgré la vente, l’artiste n’a pas abandonné tout droit sur sa création ; il conserve sur celle-ci un droit mal défini, mal précisé encore, mais certain. Précisons par quelques exemples. Un amateur a acquis un tableau. Il trouve que les moutons dans la prairie, ou les canards de l’étang ne sont pas assez nombreux. Il en ajoute. Le peut-il ? Évidemment non. Il porte ainsi atteinte au droit moral de l’artiste et celui-ci pourra de-mander aux tribunaux l’enlèvement des moutons ou des canards surnuméraires, ou des dommages-intérêts. Ou encore, j’ai vendu mon manuscrit à un éditeur. Ce qu’il doit publier, c’est mon texte, rien de plus, rien de FIND ART DOC