ROMANTISME BAROQUE DE L’OTTOCENTO EN MARGE D’UN CENTENAIRE Romantisme cause, ou romantisme effet Les histo-riens de l’art considèrent la tempête romantique comme une conséquence médiate ou immédiate de la Révolution et des guerres de l’Empire. Ils cherchent les origines, les racines d’un mouvement qu’ils tentent de situer et de cataloguer. Ils constatent les influences multiples qui se sont exercées sur les lentes, sur les arts, sur les moeurs. Ils refusent d’envisager l’ensemble du mouvement roman-tique, ce phénomène d’époque, ce nerf, cette idée-force, ce principe d’énergie d’une société, d’une ère, d’une civi-lisation. Je n’ai pas l’outrecuidance de résoudre dans un éditorial le problème infiniment complexe qui suscite une étude de « l’état romantique ». Je me borne à esquisser le plan d’un travail de révision qu’il faudra entreprendre dans un avenir prochain, si l’on veut sortir du cercle vicieux où Taine a enfermé la critique de ce temps. Lorsqu’on aura admis que les guerres de l’Empire forment elles-mêmes un symptôme romantique et que l’impérialisme de Napoléon ler représente, malgré tout (c’est-à-dire malgré le style de ce souverain, malgré son « réalisme », malgré son goût de l’ordre, de l’ordonnance, de l’organisation), une conception mondiale, universelle de la vie, une soif de l’effort en soi, une projection de l’être hors des cadres qui lui sont assignés, une nostalgie de l’action individuelle, on comprendra peut-être que la source de l’épopée romantique n’est pas là où l’on pense. Je m’explique. Le romantisme n’est pas l’effet, l’aboutis-sement direct d’un concours de circonstances données. Ces « circonstances », ces facteurs historiques, sont eux-mêmes imprégnés de romantisme, et décèlent l’em-prise du « mal du siècle » sur toutes les expressions de l’activité humaine. Les influences externes ou intérieures agissent avec fruit quand elles portent sur un terrain propice et préparé d’avance. Les hommes trouvent ce qu’ils cherchent. Les cathédrales gothiques disséminées sur le sol de la France crevaient les yeux à x générations, sans qu’elles daignassent les voir. Si les romantiques les ont redécouvertes, c’est qu’elles cadraient avec leurs besoins, avec leur volonté d’expression préalable. Ces réflexions m’ont été inspirées par le spectacle des oeuvres et objets d’art exposés au Pavillon de Marsan et au Petit-Palais. Le Centenaire de la conquête de l’Algérie, le Décor de la oie à l’époque romantique 1 Deux manifes-tations. Deux conceptions distinctes de la muséographie. Ici un échantillonnage de souvenirs, documents et tableaux disparates, dans l’espace vide et froid d’une galerie. Là un essai plausible de recréer l’atmosphère d’une époque, d’immerger l’oeuvre d’art dans un climat moral. Optons pour la formule du Pavillon de Marsan. Elle est plus éloquente et plus persuasive. Elle transforme le musée, qui a été un laboratoire, en un champ d’ex-périences. Sans toujours adopter le système (cher aux Américains) de reconstitution où l’oeuvre d’art joue le rôle d’un bibelot et passe au second plan, tournons 3