dangereux de communiquer avec l’esprit du dehors. Suivant le même préjugé, ce public applaudit l’ar-tiste qui exprime les attitudes surannées du xixe siècle dans la langue provinciale et siffle l’artiste qui exprime la pensée vivante avec un accent venu d’ailleurs. L’art anglais, nous disent les porte-parole de ce public, devrait être purement anglais, comme l’art français est purement français. Ce public ne comprend pas que si l’art français plonge des racines dans le sol même de la culture française, sa constante vitalité lui vient de greffes étrangères. Les artistes français en ont usé avec l’art espagnol, italien, japonais — sans oublier l’art an-glais — comme les viticulteurs français avec les vignes américaines. Et l’art français, comme le vin français, conserve sa vitalité parce que les artistes, comme les vignerons, sont toujours en train de préparer la ven-dange de l’année suivante. Il y a cependant en Angleterre des artistes qui ont l’intelligence et le courage de regarder la situation en face. Ceux-là reconnaissent sans doute qu’il est aussi stupide, aussi vain, de copier les oeuvres des maîtres français que de copier les oeuvres de Gainsborough ou de Constable. Ils reconnaissent qu’en Angle-terre s peindre français s est une affectation aussi ridicule que de parler français. Mais ils n’ont pas peur de regarder l’oeuvre française ni de chercher à découvrir les valeurs nouvelles qu’elle exprime. Edward Wadsworth et Duncan Grant sont deux artistes anglais qui se sont inscrits en faux contre ce préjugé provincial. Cependant, leur peinture est anglaise et, quand ils introduisent des termes fran-çais, ils y ajoutent un accent anglais. A Paris, je crois, on ne leur fera pas grief de ces éléments étrangers. A Paris, la sensibilité toute cubiste de Wadsworth. la haine qu’il voue visiblement à l’appareil suranné de la décadence romantique a déjà suscité, dans les expositions qu’il y a faites, une extrême sympathie. Pour ce qui est de Grant, son don naturel pour la peinture pure sera, je l’imagine, appréciée, même si la tendance qu’il traduit n’est qu’une conversion partielle à l’attitude contemporaine. Il faut bien comprendre que Wadsworth et Grant doivent être comptés parmi les jeunes. Ici, en Angle-terre, nous les regardons comme des peintres d’un réel avenir. Je crois que l’opinion française ne différera guère de la nôtre. (Trad. de l’anglais par Michel Berveiller). CARNET DES VENTES Les 23 et 24 janvier a eu lieu à l’hôtel Drouot (salle 10) une vente faite par M8 Flagel, assisté de l’expert, M. A. Portier, d’art soi-disant primitif. Les objets d’art nègre n’offraient pas de spécimens sortant de la médiocrité, mais l’art mexicain était assez bien représenté. Nous avons noté une vive re-prise des prix des poteries grises funéraires à décor anthropomorphe (art zapothèque, région d’Oaxaca) le na 5 du catalogue, estimé 3.000 francs, s’est vendu 3.200 francs ; le n° 6, évalué 2.000 francs, a atteint 3.300 francs ; le n° 7, estimé 2.000 francs, fut vendu 2.350 francs ; le n° 9, estimé 6.000 francs, fut adjugé à 8.300 francs ; le n° 15 à 3.600 (estimé 2.500 francs) ; le n° 16, à 3.250 (estimation 5.000 francs) ; une pla-quette mexicaine en jadéiste grise, estimée 3.000 fr., fit 7.900 francs ; un collier de momie, même matière, 24 évalué 1.000 francs, fut adjugé 1.900 francs. Les poteries Masca et Chimus, de qualité tout à fait médiocre, se vendirent à bas prix. Une réduction de mât totémique en ardoise noire à stylisations ani-males de l’île Charlotte, évaluée 15.000 francs, n’ob-tint qu’une enchère de 6.100 francs. On nous annonce les ventes suivantes des commis-saires-priseurs MM. Lair-Dubreuil et Flagel, assistés de l’expert M. A. Portier. Du 23 au 25 février : vente de la collection Weber (Extrême-Orient) ; du 5 au 8 mars : vente de la collection Capitan (art de l’Amé-rique centrale et du Pérou) ; 9-11 mars : deuxième vente Rupalley (art africain) début avril : vente d’une collection mexicaine ; au mois de mai : vente de la collection Florès (arts de la Chine). FIND ART DOC