cette semaine la belle exposition du Centaure, où se trouvaient réunies les oeuvres récentes de deux de nos peintres les plus éminents : Gustave de Smet et Frits van den Berghe. En voyant s’affronter les productions si dissemblables de ces deux artistes, qui ont cependant partagé, pendant plusieurs, années le même atelier, on était inévitablement amené à se demander s’il existe encore à l’heure actuelle des « écoles » ausensque l’on attachait jadis à ce mot. Rien deplus aisé, par exemple, que d’invoquer Jérôme Bosch devant les  » diableries  » de Frits van den Berghe, de remonter aux  » magots  » de Brueghel pour légitimer l’apparition des rustres de Permeke. Tout cela est parfait, à la condition d’ajouter bien vite que l’un et l’autre doivent pour le moins tout autant (ou tout aussi peu) au style de la sculpture nègre. Et convenons que James Ensor n’est pas plus éloigné de Watteau et de Turner que de Rembrandt ou de Rubens. Quant à Gustave de Smet, il est impossible de lui trouver un ancêtre authentique sans dénaturer son art, cet art qui joint à la précision plastique de Fer-nand Léger un élément de sensibilité frémissante, douloureuse, composant une forme d’expression qui n’appartient qu’à lui et qui n’a rien de proprement nordique : par son jeu savant de valeurs et par l’or-donnance abstraite de ses figures, il me parait être plus proche de Poussin et d’Uccello que du grouillant Hiéronymus Bosch. Oui, Gustave de Smet appartint bel et bien à cette lignée d’artistes, plus latins que gothiques, dont Waldemar George a dit  » qu’ils feignent d’être clairs « . Edgard Tytgat ne participe pas davantage de cette tournure d’esprit équivoque et maladive, hantée par les données du subconscient et par une sorte d’effroi caligaresque, que M. André Salmon a cru pouvoir diagnostiquer récemment (peut-être sur la foi de quelques-unes de nos propres critiques?) comme étant l’affection générique de toute notre jeune peinture. On le voit, il importe de se défier des généralisations et de compter avec les deux facteurs qui exercent simultanément leur emprise sur le peintre belge de 193o le milieu et l’époque, deux influences qui le conditionnent dans le temps et dam l’espace, et qui se manifestent à chaque coup de façon éminem-ment diverse, puisque aussi bien nous avons fait du chemin depuis Taine et que nous n’en sommes plus à négliger l’apport tout à fait primordial de l’artiste lui-même. LETTRE D’ESPAGNE L’EXPOSITION DE BARCELONE. LA COLLECTION  » L’ART EN ESPAGNE  » AU PALAIS NATIONAL PAR ANGEL DE APRAIZ On ne fera pas dans le Palais des découvertes sensationnelles d’objets inconnus des savants, mais on y trouvera une si grande quantité d’oeuvres de premier ordre plus favorablement mises en valeur que dans leur musée d’origine et une si grande quan-tité de documents d’un extraordinaire intérêt que l’occasion se présente comme unique à tous ceux qui attachent quelque attention à l’histoire de l’art ! L’ordonnance des salles est basée, en général, sur un système chronologique. Dans le sous-sol se trouvent les salles consacrées à la préhistoire et aux premières manifestations de la culture dans le pays, avec des oeuvres comme le Trésor de la Aliseda. Au rez-de-chaus-sée nous voyons tout’ d’abord ce qu’apportent aux civilisations grecque et romaine, puis à l’art visigoth et asturien représenté surtout par des reproductions et des maquettes les oeuvres d’influence musulmane; l’époque romane avec de nombreuses pièces en plâtre, de grandes façades et d’autres éléments architec-turaux; l’époque gothique et d’innombrables et splendides rétables peints, la plupart peu connus, qui nous annoncent la Renaissance; la sculpture des grands maîtres, espagnols ou résidant en Espagne, du xvle siècle. A l’étage suivant, des oeuvres du même siècle et du siècle suivant, la grande peinture qui en est la caractéristique, mais où manquent, d’authen-tiques Velasquez. Il y a, par contre, le Greco, Ribera, Murillo, ‘etc., avec des tableaux qui pour ne pas être célèbres, car ils ont été prêtés par des galeries privées ou peu fréquentées, n’en sont pas moins d’une réelle importance. Entre la double rangée de chasubles (dont on a dit qu’elles étaient le leit-motiv trop répété de l’Exposition) et les magni-fiques tapis du xve au xvine siècle qui de haut en bas décorent toutes les salles, nous pouvons contem-pler les spécimens du style baroque, en nombre peu important, quelques oeuvres figurant l’époque néo-classique, des toiles de Goya et de ses disciples, spécimens bien choisis du Romantisme et, pour terminer, les peintres contemporains. Parmi les oeuvres originales, se trouvent, mais en plus petit nombre, dans les salles de l’art ancien et médiéval, des reproductions grandeur nature de morceaux d’architecture qui ne pouvaient pas être transportés et dont l’exposition complète très heureu-sement l’étude générale de leur époque. ‘3 FIND ART DOC