précieux morceaux est très complexe; certes nous admirons la précision incomparable de l’exécution et l’esprit d’invention, qui nous dévoilent le charme d’une époque séduisante; mais les intentions pure-ment artistiques qu’elles recèlent nous laissent assez indifférents. Nous sommes au contraire soulagés de voir au commencement du nouveau siècle la modeste lithographie débarrassée d’un appareil d’habilité technique. La lithographie commence avec le trait subtil des dessins d’Ingres, arrive à son apogée avec les illustrations de Delacroix et de Daumier et aboutit aux feux d’artifice des affiches de Toulouse-Lautrec qui à la fin du siècle ouvrent de nouvelles possibilités. De tous ces artistes, l’exposition possède non seule-ment de bonnes et rares épreuves mais aussi des dessins originaux; d’Ingres, des superbes portraits de M. Raoul Rochette et de Mme Lavergne, de Daumier un Lutteur et une esquisse pour le tableau des Emigrants, de Delacroix une série d’études de mouvements de toute sorte : mouvements d’hommes, d’animaux, de paysages et de nuages qui témoignent de la force dynamique du maître; de Toulouse-Lautrec enfin, une superbe sanguine, La Vendeuse de Poissons. Tout ce que l’Albertina possède de dessins des grands maîtres du xixe siècle a été acquis par son actuel directeur depuis 1922. Auparavant, Vienne officielle — comme le Paris officiel de la même époque — était anti-impressioniste. Cette nouvelle section contient des dessins divers : dessins achevés, esquisses improvisées, conscien-cieuses études de détails. Constantin Guys est repré-senté par une aquarelle : une petite dame en grande toilette révèle d’un mouvement à la fois décent et plaisant deux doigts de jupe blanche sous la robe; de Millet, une feuille d’album avec des études de bétail; un superbe crayon : étude pour La falaise et surtout une Porteuse de gerbes, modelée de lumières et d’ombres, pièce de belle classe. Le grand style des paysages de Corot, continuant une fière tradition, est parfaitement représenté; Manet l’est moins bien, car l’exposition ne montre du maître qu’un petit portrait d’homme, plus amusant qu’important, et une belle aquarelle de fleurs. Degas fait son apparition comme dessinateur des ballets et des courses de chevaux et — chose plus rare — comme paysagiste; Forain et sa suite ne manquent pas à l’appel. Une place importante est réservée à Renoir; remarquons une des pièces essen-tielles : un grand dessin au crayon représentant une jeune fille accoudée. De Rodin, voici une danseuse du Cambodge, miracle de simplicité et de sûreté, et la puissante composition d’un Sisyphe luttant dans les ténèbres chaotiques de l’enfer. L’Albertina ayant prêté toutes ses aquarelles de Cézanne à la nouvelle galerie moderne pour y combler une des plus fâcheuses lacunes, le génial Aixois ne fut pas représenté comme il aurait pu l’être. Avec ce qui lui reste d’esquisses et d’études de Cézanne, l’Albertina clôt son exposition. Elle aurait bien pu montrer la suite de cette grande tradition jusqu’à nos jours, car elle possède de bons exemples de l’Art Français du premier quart de notre siècle. Si elle a renoncé à ce projet c’était non seulement par manque de place mais aussi pour complaire au gublic qui a la phobie des choses vivantes. Mais pardons-nous de lui reprocher cette concession au goût conservateur; à Vienne c’est faire preuve de courage que de se déclarer pour Renoir et pour Cézanne. LES ORIGINES DE L’ART GOTHIQUE ENQUÊTE 1. Le gothique est-il une acception de style plastique et architectural, limité à une époque (un concept historique) ou la manifestation d’un état d’esprit (un concept psychologique) ? 2. Dans quelle mesure les Gallo-Romains et les Germains ont-ils contribué à la naissance et au développement du gothique ? REPOJVSES : 1. On a peine à comprendre l’alternative de la première question. Toute grande expérience sur les formes est, à la fois, dans le temps et dans l’esprit. Elle appartient à l’histoire, où elle trouve des condi-tions favorables ou non, et à la vie de l’intelligence, qu’elle manifeste et définit. L’art gothique est un moment de l’histoire de l’Occident, et l’expression d’une pensée. Laquelle? Une pensée contraire aux généralisations poétiques du dernier siècle et tout exempte de la prétendue mystique germaine. C’est la mystique romantique qui nous fait croire à la mystique gothique. L’architecture gothique est l’oeuvre de constructeurs. Techniquement, elle est l’expression d’une logique I FIND ART DOC