de Darmstadt. On ne remarque peut-être pas, chez le plus grand nombre des exposants, un résultat conforme aux préoccupations qui, à en juger par le catalogue, ont présidé à l’organisation du concours. Beaucoup d’expressionnisme et même un certain reflet d’impressionnisme s’observent encore. Pour un Maillol, un Despiau, un Mario Tozzi, un Karl Schwelvech, dont les nus, merveilleusement équi-librés, correspondent à un idéal de beauté qui peut ne pas être celui imposé par la myopie des artistes qui sont au service des grands couturiers, mais qui traduisent des exigences profondes de notre sensi-bilité actuelle, combien d’exemples de la déformation expressionniste, pathétique et morbide, qui fut la caractéristique de l’époque antérieure! Nous n’excep-terons même pas des oeuvres comme celle du sculpteur belge Georg Minne, digne certainement de respect par sa pureté, mais très secondaire, à notre avis, en raison de sa fragilité. On ne pouvait pas non plus espérer que les artistes fils de pays dont la gloire est due au  » caractère  » pussent rendre les armes devant le Canon. Quelle abnégation devraient avoir Marc Chagall, Alexandre Archipenko, Pablo Gargallo! — Foujita, par contre, se sacrifie et s’applique à s’occidentaliser à l’École d’Ingres. Certains Espagnols — José de Togores, Pedro Pruna, le sculpteur Manolo — arrivent égale-ment à se soustraire à tout élément pittoresque local. Les nus qu’ils exécutent ne se distinguent déjà plus de ceux que nous offrent les artistes d’autres pays, dans cette espèce de Vallée de Josaphat qu’est l’exposition de Darmstadt. Sculpture. — Toute véritable sculpture suppose une culture, c’est-à-dire une religion. Il n’y a pas d’autre issue pour une statue : ou c’est une idole ou c’est un bibelot. MATISSE ET LA COULEUR PAR RENE HUYGHE Il semble que le dernier hommage qu’il soit encore possible de rendre aux grands peintres modernes dont la maturité donne aujourd’hui l’image presque définitive, c’est d’apporter à l’examen de leur oeuvre cette curiosité  » historique  » et objective qu’on applique aux maîtres du passé. Il ne s’agit plus de gal-vaniser les forces pour un combat désormais vain : en face, il ne reste plus que M. Camille Mandait._ Au surplus, il est assez indifférent d’entendre le voisin exécuter des variations lyriques sur le thème de son admiration personnelle : le spectacle des oeuvres doit suffire à alimenter la nôtre. La critique peut aider surtout à contenter ce désir de faire  » un I Il est délicat de parler de l’évolution d’un peintre. L’esprit peut toujours après coup établir un lien logique entre les faits les plus dissemblables. Comme si une vie se dirigeait avec sûreté vers un but déter-miné à l’avance! Matisse a essayé les directions les plus opposées, mais de chacune de ces incursions il est revenu avec un butin (1). Chacune de ses  » phases « , de ses oeuvres se suffit à elle-même et n’appelle rien après elle, mais elle a été aussi une expérience dont a profité la suivante et ce n’est plus tenter une systé-matisation arbitraire que d’examiner la conquête peu plus que sentir  » ce  » besoin d’approfondir la jouissance  » dont parle Valéry, et qui poussent à vouloir, peut-être inutilement, comprendre une oeuvre pour mieux se satisfaire de l’aimer. Il ne faut point songer à situer une telle étude de Matisse dans les limites d’un article. M. Waldemar George a apporté déjà le même esprit à analyser naguère son dessin. Mais le problème de la couleur? Les positions successives que l’esprit si lucide de Matisse a prises en face de lui, l’importan-ce qu’il lui a donnée parmi ses autres préoccu-pations, la solution complexe qu’il lui fournit maintenant? progressive de tous les éléments qu’utilise sa maturité complexe. Matisse disait un jour qu’il faut pour un peintre que  » sa conception ait traversé un certain état analytique… Quand la synthèse est immédiate, elle est schématique, sans densité, et l’expression s’appauvrit.  » Vérité pour une oeuvre, vérité aussi pour une vie. Je voudrais examiner spécialement au point de vue de sa couleur, les expériences analytiques successives qui ont permis la synthèse à laquelle il parvient maintenant. 5 FIND ART DOC