de ce peintre une oeuvre capable de nous retenir beaucoup, une fois passé ce moment de son apparition où le spectacle prit alors la valeur d’un signe. Qui sait si, sub specie aelernitatis, nous pourrons lui assigner un autre rôle que celui d’avoir été la première lettre majuscule d’un mot écrit par l’esprit des temps, et non uniquement par l’art d’un quelconque Un Tel. Ainsi c’est l’idée d’unité qui transforme l’explication des phénomènes. Ainsi c’est la morphologie générale qui pourra sans nul doute donner à la critique —à une critique libérée de l’histoire et qui ne sera plus une chronique — le secret d’une loi qui permettra d’expliquer la Renaissance avec d’autres raisons que les bonnes affaires des marchands de Pise ou de Florence, et de trouver le pourquoi de la similitude architecturale entre les demeures fleuries que la Hollande reflète dans l’eau de ses canaux et les hum-bles baraques que Valence dissimule parmi les fron-daisons de ses orangers. L’homme beau. — Tout art romantique ou tout au moins teinté de romantisme s’est toujours senti appelé, loin du centre d’attraction de la beauté formelle, vers cette catégorie que les esthètes de jadis nommaient  » le laid sublime « . C’est cette attirance qui fut, certainement, une des caractéristiques du Sturm und Drang. Puis, avec le naturalisme, vint cette illusoire poursuite de  » la vérité « , tout à fait indiffé-rente à la perfection sensible de l’objet et bien plutôt instinctivement pleine de mépris et de méfiance à son égard. Plus tard, le subjectivisme impressionniste se montra trop nerveux pour avoir le temps de penser aux règles et à la régularité. Enfin, et pour comble, les audacieux fauves se sont donné l’anarchique mission ou de faire de l’expression une violente cari-cature — par exemple dans l’expressionnisme — ou de s’en abstraire complètement et tomber alors, dans la recherche de l’abstrait et du pur, dans ce qu’il y a de plus corrosif et de plus hostile, — et c’est le cubisme. Mais notre navigation a déjà laissé en arrière le Cap des Tempêtes romantiques. Il nous semble maintenant entendre, comme un cri joyeux et triom-phal, la vigie de notre coeur annoncer :  » Terre de beauté à l’horizon!…  » Indubitablement, dans cette terre nouvelle, dont nous jouirons demain, la ville allemande de Darmstadt figurera comme un des premiers ports. Port petit, sale et n’offrant pas encore beaucoup de sécurité; exposé par plus d’un côté aux mêmes inquiétudes maritimes que nous allons abandonner, mais représentant, de toutes façons, un symbole dans la suite des escales vers la Beauté reconquise. En effet, à Darmstadt, on a eu pour la première fois l’idée de spécialiser une expo-sition d’art, peinture et sculpture, sur le thème unique de la perfection des formes dans le corps 4 humain. Et dans le quartier des artistes appelé Mathildehohe, béguinage tranquille, près de la Chapelle russe, au milieu de la gracieuse ville, si attrayante avec son aspect simple, son esprit fin et sympathique et qui, entre autres titres, a le privi-lège d’abriter actuellement  » l’École de la Sagesse  » du bruyant et agité comte de Keyserling, un ensemble nous était présenté, l’été dernier, sous la dénomination Der scluene Mensch, presque exclusivement composé de nus; mais des nus où se remarquait, le plus souvent, un idéal de simplicité et même une tendance vers  » archétype « , qu’on retrouvait non seulement dans les oeuvres exposées, mais dans l’ambiance, dans les invitations aux études provoquées par l’en-semble, dans la structure même du catalogue. Ce catalogue contenait, en effet, quelque chose de plus qu’une liste d’auteurs et de titres. Il contenait un certain nombre d’articles théoriques et jusqu’à une sorte de répertoire savant d’analyses et de canons sur les conditions les meilleures dans les proportions du corps humain. Ce répertoire était établi par des artistes, des écrivains, des philosophes, des physio-logistes et même des gymnastes. Des extraits des oeuvres de Hans Suren, dont l’intérêt dépasse large-ment les limites du monde sportif, figuraient natu-rellement dans la collection; et aussi des fragments de cet enseignement délicieux de l’époque de la Renais-sance fait par Firenzuola, Tratatto della belleza delle dora, dont l’exposé me prit, on s’en doute, un grand nombre de leçons dans un cours sur les peintres de la Renaissance italienne fait au Musée du Prado. Goethe, — il ne pouvait manquer — le Dante, Raphaël, Albert Durer, Hutcheson Runge, Mengs, Rodin apportent, d’autre part, leurs définitions et leurs mesures. Il peut arriver que ces calculs soient considérés, dans certains cas, comme des canons, dont l’histoire des idées a eu à s’occuper, comme ce canon appelé  » égyptien « , publié en 1683 par Andran et celui du grand Léon-Baptiste Alberti, aussi formidable architecte qu’athlète accompli. Claude Andran, au xvne siècle, en même temps que cette publication, exécutait avec minutie à la mesure des statues antiques, le Laocoon, l’Antinous, la Vénus de Médicis, l’Apollon Pythien, l’Hercule Farnèse. La  » Règle d’Or  » de Polyclète était étudiée par J.-G. Schadow au commencement du xnce siècle. Ces études quantitatives reprennent aujourd’hui et il est dommage que le catalogue de Darmstadt ne fasse pas mention des travaux sur l’esthétique des proportions dans la nature et dans l’art que nous devons à l’Anglais Theodore Cook et au Roumain Matila Gyka, qui vient tout dernièrement de publier son livre en français. L’observation mentionnée dans l’article  » Alpha et Omega  » sur la différence de niveau atteint par l’évolution des formes par rapport à l’évolution des idées peut s’appliquer, une fois de plus, à l’Exposition FIND ART DOC