LETTRE D’ESPAGNE L’ART ET LA MORPHOLOGIE GENERALE A L’EXPOSITION Le champ d’action d’une revue qui se propose l’étude générale des formes et l’histoire du dévelop-pement de la culture humaine est des plus étendus. Il va, en tout cas, bien au delà du cercle qu’habi-tuellement on nomme  » les Beaux-Arts « : bien plus, nous ne craindrons pas de dire que c’est seulement en dehors de ce cercle qu’on trouvera les principaux éléments capables de l’alimenter et de le renou-veler. On comprend donc, combien importante, en cette matière, peut être l’analyse des résultats d’une Exposition Universelle. Si on ne voulait considérer que les aspects économiques, industriels et politiques de la question, les effets et les conséquences pour le progrès matériel, on pourrait dire que l’ère des grandes Expositions est maintenant terminée dans le monde moderne. On en voit tout de suite l’inutilité, quand on pense au nombre incalculable de Foires d’échantillons annuelles qu’organisent tant de villes…, mais ce qui n’intéresse pas le Progrès ou le Commerce peut fort bien intéresser le Style. Et une civilisation trouve ainsi le moyen, en une occasion pareille, de réviser le répertoire de ses formes, comme un souverain, dans une parade militaire, réviserait le répertoire de ses effectifs. Les résultats pratiques de l’Exposition de Barce-lone sont, il faut bien le dire, à peu près nuls dans le domaine des produits industriels et du travail moderne, en n’exceptant même pas de cette mélan-colique constatation, les oeuvres de peinture et de sculpture contemporaines qui y sont rassemblées. Ces résultats, par contre, se révèlent très importants dans l’ensemble instructif de trésors et de spécimens peu connus de l’art ancien espagnol et dans certaines inventions et innovations qui ont paru remarquables pour leurs formes mêmes, leurs aspects extérieurs, leur présentation. C’est dans de nombreux détails de fêtes ou d’ornements qu’on a pu discerner d’extraordinaires perspectives pour l’avenir de notre vie quotidienne. Il suffirait, entre autres, de prendre en considération la nouveauté que constituent les jeux d’eau et de lumière, le plus grand attrait de l’Exposition, pour INTERNATIONALE DE BARCELONE être certain que ce grand, effort n’a pas été fait en pure perte. Les chroniques de cette Revue se doivent de recueillir et d’analyser de semblables résultats. Nos lecteurs seront mis, en effet, au courant de tout ce qui a présenté un intérêt artistique ou morpholo-gique à Barcelone, et aussi à Séville, dont l’Exposition mérite, à un autre point de vue pourtant, d’être attentivement étudiée. Pour ce qui est seulement de Barcelone, nous pouvons dès à présent indiquer quels seront les principaux thèmes envisagés: l’esthé-tique et l’architecture des pavillons et des édifices construits spécialement pour cette manifestation internationale; le résumé de l’histoire de l’art espagnol d’après les documents exposés dans le Pavillon Central; l’étude de sa section d’Art Moderne; celle de sa section d’Arts Graphiques; de la section d’Art Décoratif et du petit Pavillon synthétique désigné sous le nom d' » Artistes Réunis  » et qui, assure-t-on, est destiné à être plus tard le club des artistes de la ville; enfin, l’étude du mécanisme et de l’esthétique des féeriques installations d’eau et de lumière, dont l’impressionnante réalisation semble à quelques-uns d’entre nous le commencement d’un art nouveau, riche d’infinies possibilités. Nous pouvons annoncer que ces chroniques ont été confiées par nous à un éminent spécialiste, mais l’examen de ce qu’il appelle  » le secret et l’avenir des fontaines lumi-neuses  » a particulièrement retenu l’attention de Eugenio d’Ors et sera compris, non dans ces pages, mais dans la section correspondante du  » Diction-naire esthétique portatif « . Il paraît, en effet, qu’il y a là des problèmes et des invitations à des pensées propres à séduire un esprit léonardien. C’est Eugenio d’Ors lui-même qui a déclaré, en rendant hommage à l’ingénieur de ces installations, M. Bohigas:  » Si Léonard de Vinci avait pu visiter l’Exposition de Barcelone, il serait allé tout droit demander le secret des Fontaines Lumineuses et la méditation devant les problèmes qu’elles posent et devant les perspectives qu’elles ouvrent aurait occupé, à partir de ce moment, sa vie entière « … O. DE R. Nous avons le plaisir d’informer nos lecteurs, qu’d partir de janvier FORMES publiera tous les mois une Chronique d’EUGONIO d’ORS. 27 FIND ART DOC