il n’y a pas un pouce carré pour exposer un tableau, et plusieurs acquisitions récentes doivent attendre dans les réserves que les installations nouvelles leur fassent de la place. Cette situation cause de graves soucis à la Direction du Musée. Un plan de réor-ganisation total du musée et de regroupe-ment rationnel des collections a été établi, dont l’exécution doit s’échelonner jusqu’à 1972. La dépense prévue est d’environ 40.000.000 de francs. On peut juger qu’une dépense d’un million par an pour une oeuvre d’un intérêt national aussi grand est un sacrifice bien mesquin de la part d’un pays comme la France. Mais encore si l’on veut parfaire cette ceuv’re, faudra-t-il sans doute avoir recours à l’initiative privée ! L’existence même d’un plan d’ensemble est en tout cas d’un intérêt capital, car elle fera cesser le système des installations au hasard de la place disponible qui fut pra-tiqué jusqu’ici. Tout aménagement nou-veau devra en effet se faire conformément à ce plan, dont il sera une étape. C’est ainsi que l’installation des salles de peinture moderne au troisième étage de la colon-nade, réalisée cette année, est une des étapes du projet qui doit grouper dans tout le troisième étage de la Cour carrée la Peinture au xixe siècle. Le plan se poursuit actuellement par l’amé-nagement du Département des Antiques dont le regroupement est d’ailleurs le plus facile à opérer puisqu’il se trouve déjà presqu’entièrement rassemblé. L’ancien ate-lier de moulages qui occupait le rez-de-chaussée de l’aile sur la cour du Sphinx construite par Le Vau en 1661, le double-ment de la galerie d’Apollon a été déménagé et des travaux de réfection sont faits dans les salles qu’il occupait, pour permettre d’y transporter les Antiquités Grecques des salles de Milet et de Magnésie du Méandre, situés loin du centre des Antiques dans l’aile nord de la Cour carrée sur la rue de Rivoli. Les salles ainsi libérées serviront aux accroisse-4 ments futurs du département des Antiquités Orientales qui a devant lui un bel avenir à cause de la liberté qui est encore laissée aux fouilleurs dans les pays d’Orient, d’em-porter leurs découvertes. En attendant ces aubaines, la salle Morgan située à 600 métres du centre du département pourrait s’y installer avec profit. Un des plus grands intérêts de ce plan est de prévoir pour chaque département l’aménagement de réserves d’un accès facile où des oeuvres de second ordre, jusqu’ici peu exposées, seront classées rationnellement. La première réserve ainsi installée est celle du Département des Antiques, sous forme d’un Musée des Inscriptions qu’on aménage actuellement dans les caves des Galeries Daru et Mollien. Toutes ces inscriptions étaient autrefois entassées sans ordre dans un magasin. Elles sont aujourd’hui rangées suivant un ordre scientifique que consacrera un catalogue; un éclairage électrique per-met de les voir presque comme en plein jour. Plus tard un escalier aboutissant sous l’escalier Daru pourra être construit pour mettre ce musée spécial en communication directe avec le reste du département. Il est certes dans la vie des musées des faits plus retentissants, pourtant l’aménagement scientifique de cette bibliothèque épigra-phique est un événement d’une grande portée qui nous fait bien augurer du plan de réorganisation conçu par la Direction des Musées nationaux. Le bureau des bâtiments civils à la Direc-tion des Beaux-Arts ne peut pas être en reste avec la Direction des Musées. Il se préoc-cupe d’achever le Louvre et peupler de statues des généraux de Napoléon les niches vides de la façade sur la rue de Rivoli. Peut-être se trouvera-t-il des esprits chagrins pour estimer qu’à l’heure où partout sur le sol de France les églises s’écroulent, où le clocher de Senlis menace ruine, il y a peut-être des travaux plus urgents que de complèter cette galerie de grotesques. GERMAIN BAZIN. FIND ART DOC